La Kabylie s'apprête à enclencher aujourd'hui une grève générale “jusqu'à nouvel ordre”, une action pour la libération des détenus, auparavant entérinée dans un conclave ordinaire, mais confirmée tout de même, hier, lors de la réunion extraordinaire tenue ce week-end à Ath Oumalou. L'appréhension de nombreuses coordinations — qui pourtant avaient adopté ladite action dans une rencontre antérieure — quant à la réussite de cette grève et à l'adhésion de la population a été derrière l'organisation de la réunion extraordinaire. L'action a tout de même été maintenue en attendant la marche populaire du 12 janvier prochain au chef-lieu de la wilaya, mais également une réunion extraordinaire prévue ce dimanche pour mesurer le degré de réussite de la grève générale et décider ainsi, soit de la poursuivre, soit encore d'y surseoir. Pendant tout le temps que durera la grève générale qui touchera tous les secteurs d'activité — économiques ou administratifs —, chaque localité s'occupera de barricader ses routes, intercommunales ou de wilaya. Le blocage, inhérent à la grève générale, touchera ainsi toutes les localités de la wilaya de Tizi Ouzou, et même l'accès vers Alger sera fermé. À ceux qui craignaient l'échec de la grève générale “jusqu'à nouvel ordre”, assimilée à une grève générale illimitée, qui ont proposé une action limitée dans le temps, le consensus a finalement rejoint les positions des coordinations de Béni Douala, Tizi Ouzou et Mechtras, notamment avec la tenue d'un conclave extraordinaire dimanche à Tizi Rached à l'issue duquel il sera décidé de l'opportunité de poursuivre ou de suspendre la grève générale. Les localités non structurées dans la CADC ont été incluses dans les débats. Et il a été conclu que des délégués devront afficher et appeler les populations respectives à la grève générale et au blocage des routes, l'exemple de Draâ Ben Khedda ayant été même cité. La nécessité que les travailleurs de Cotitex suivent le mot d'ordre a été soulignée. Pendant ce temps-là, les détenus de la maison d'arrêt de Tizi Ouzou entament aujourd'hui leur 33e jour de la grève de la faim illimitée, enclenchée le 3 décembre dernier par Belaïd Abrika et ses compagnons pour “dénoncer l'instrumentalisation de la justice par les décideurs du régime heggar” , rappeler la revendication fondamentale et principale de la satisfaction de la plate-forme d'El-Kseur et alerter l'opinion publique nationale et internationale sur l'urgence et la nécessité de leur “libération”. Selon des informations émanant de leurs avocats, leur état de santé ne cesse de se dégrader de jour en jour, notamment après l'agression subie par Abrika et la mise en cachot pendant quatre jours des six grévistes de la faim. Enfin, une déclaration a été adoptée par la plénière, qui dénonce l'agression, il y a quelques jours, par des gardiens de prison de Belaïd Abrika. Elle prévient aussi la police quant à une vague de répression, rappelant à cet effet son intervention lors du dernier sit-in tenu au rond-point de la ville de Tizi Ouzou en procédant à des arrestations. La même déclaration met le pouvoir et le FFS devant leurs responsabilités si jamais il arrivait malheur aux détenus grévistes de la faim car de nombreuses plaintes ont émané de ce parti contre les délégués du mouvement citoyen. Par ailleurs, la CADC a rendu publique, hier soir, une déclaration dans laquelle elle invite “la population à observer une grève active (fermeture de toutes les administrations et institutions publiques) et à procéder à la fermeture de tous les axes routiers à partir du samedi 4 janvier 2003”. K. S.