Cette nouvelle vision est une exigence vitale dont l'avenir se joue aujourd'hui. Il est donc impératif d'expliquer aux populations les enjeux. "Sans une réelle implication de l'Etat et surtout une volonté politique forte, l'environnement en Algérie restera une coquille vide", martèlera le professeur Smaïl Belhadj, enseignant-chercheur et expert en risques industriels, lors de la première rencontre nationale sur "L'environnement et la biodiversité", laquelle s'est tenue jeudi au Centre national des sports et loisirs de Tikjda (CNSLT) (wilaya de Bouira). Cet événement a été organisé par l'association environnementale Agir, l'une des plus actives de Bouira, si ce n'est de toute l'Algérie, en matière d'éco-citoyenneté. En effet, cet expert ainsi que la plupart des intervenants et participants à cette rencontre ont exhorté les pouvoirs publics à "s'engager pleinement" dans la protection de l'environnement et surtout formuler "une volonté politique forte" dans le but de protéger efficacement notre écosystème. "La bonne gouvernance est la clé de tout. Certes, ce genre d'initiatives est louable, mais elles ne serviront à rien si l'Etat et les décideurs ne font pas montre d'une volonté politique vers le changement", soulignera M. Belhadj, qui présentait une conférence autour de la bonne gouvernance et du développement durable. Pour l'orateur, l'environnement et sa sauvegarde est "l'affaire de tous", tout en précisant que "c'est avant tout l'affaire des pouvoirs publics". Cet enseignant-chercheur avouera qu'il avait "beaucoup à dire en matière de mauvaise gouvernance", mais qu'il était contraint de "charcuter" son intervention en apprenant la présence des médias. Cet aveu est lourd de sens quant à la situation qualifiée de "lamentable" par M. Belhadj à propos de la gestion du dossier environnemental par les autorités. Pour lui, le développement durable est "la perception de l'intérêt général, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l'échelle mondiale afin de prendre en considération les aspects environnementaux et sociaux d'une planète globalisée". Et il ajoutera que la bonne gouvernance en la matière est "indispensable", tout en expliquant le fait qu'il est devenu la matrice de l'économie universelle, où les frontières entre les Etats n'existent plus. Cette nouvelle vision est une exigence vitale dont l'avenir se joue aujourd'hui. Il est donc impératif d'expliquer aux populations les enjeux et les impacts économiques établis sur la solidarité citoyenne. Certains participants ont longuement insisté sur "la défaillance" des pouvoirs publics quant à l'émergence d'une politique environnementale efficiente. "La stratégie de l'Etat en matière de développement durable est insuffisante et impertinente, vu que les entreprises ne s'impliquent pas davantage ou pas du tout dans le développement durable, ainsi que les réelles inégalités et les écarts de développement d'une région à une autre qui sont observables et remarquables à l'œil nu", relèvera non sans pertinence un participant de la wilaya de Tizi Ouzou. De son côté, Mohamed Abada, expert en développement durable, a axé son intervention sur la démarche participative dans la sauvegarde de la biodiversité. Et contrairement au "laisser-aller" des pouvoirs publics, cet expert a relevé un "un réel engouement" des populations pour la sauvegarde de leur environnement. Il citera pour exemple "la prolifération bénéfique" des mouvements associatifs visant à protéger leur environnement direct, tels les comités de villages éparpillés à travers la Kabylie et ailleurs. Enfin, M. Khaber, représentant du ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables, soulignera que le département de Mme Fatma-Zohra Zerouati est pleinement disposé à "soutenir la société civile, et l'initiative de l'association Agir s'inscrit dans notre plan d'action", a-t-il indiqué, tout en assurant "le soutien fort de Madame la ministre". M. Khaber a tenu à souligner que l'environnement et la biodiversité sont "l'affaire de tous" et n'incombent pas exclusivement aux pouvoirs publics. RAMDANE BOURAHLA