Le retour au calme enregistré après l'adoption de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité de l'ONU fin avril 2017 est plus que jamais menacé au vu des tensions provoquées par la décision de Rabat de délimiter les eaux territoriales du Sahara occidental avec les îles Canaries. La zone d'El-Guerguerat, d'où le Front Polisario avait retiré ses éléments à la veille de l'adoption de la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, pourrait être à nouveau au centre de nouvelles tensions avec la possibilité d'un redéploiement des soldats sahraouis. Cette éventualité est évoquée depuis quelques jours par un certain nombre de médias marocains, qui indiquent qu'il s'agit d'une proposition de "l'aile dure" du Front Polisario en réaction à l'annonce par le gouvernement marocain, dirigé par Saadeddine El-Othmani, de l'adoption de deux textes de loi visant à délimiter l'espace maritime au large du Sahara occidental, face aux îles Canaries. Si rien n'a filtré sur cette possibilité de redéploiement à El-Guerguerat, le Front Polisario a dénoncé l'escalade marocaine à travers cette décision du gouvernement marocain en élargissant ses eaux territoriales en y incluant celles du Sahara occidental. Il a estimé au lendemain même de l'annonce de Rabat que "le projet de loi ratifié jeudi 6 juillet par le gouvernement marocain sur la délimitation des eaux territoriales entre le Sahara occidental et les îles Canaries (Espagne) est nul et non avenu". Le Front Polisario a rappelé que "cette décision constitue explicitement une violation flagrante du droit international et du statut du Sahara occidental en tant que région occupée inscrite sur la liste du Comité des Nations unies pour la décolonisation". Il y a lieu de rappeler que contrairement au silence observé par le gouvernement espagnol au sujet de l'intégration du Sahara dans les eaux territoriales du Maroc, deux partis politiques ibériques, Nueva Canaria et Podemos, ont interpellé Mariano Rajoy sur la question. Le chef du parti Podemos, Pablo Iglesias, a estimé que ce projet est contraire à l'arrêt de la Cour de justice européenne (CJUE) de décembre 2016, qui a reconnu que le Maroc n'a aucune souveraineté sur le Sahara occidental et que les accords commerciaux entre l'UE et le Maroc ne s'appliquent pas au Sahara occidental. Ceci étant, et contrairement au contenu de la résolution 2351 du Conseil de sécurité, datée du 28 avril 2017, qui insistait sur "l'importance de relancer sans délai le processus politique conduit par les Nations unies en vue d'une solution juste, durable et mutuellement acceptable", c'est le calme plat à l'ONU. En effet, plus de deux mois après l'adoption de cette résolution, c'est le silence radio du côté du département d'Antonio Guterres. Il ne fait aucun doute que cette absence d'action finira par provoquer des réactions, comme cette éventualité de redéploiement du Front Polisario dans la zone d'El-Guerguerat. Merzak Tigrine