Liberté : Vous avez déclaré lors de votre dernière conférence de presse, à juste titre d'ailleurs, que les arbitres évoluent dans un environnement très hostile et que certains intermédiaires évoluent avec aisance sans aucune retenue et voilà que, tout dernièrement, certains dirigeants commencent à tout déballer sur la corruption. Qu'en pensez-vous ? M. Abderrahmane Bergui : Ecoutez, aujourd'hui personne n'est étonné de ce genre de pratiques devenu monnaie courante dans notre milieu, car les propos tenus par certains dirigeants et même des arbitres, nous obligent à réagir pour mettre fin à ce genre de pratiques et des déclarations qui nuisent énormément à notre football. Il faut rappeler que si la FIFA mène actuellement une campagne contre la corruption avec beaucoup de fermeté, c'est pour préserver l'éthique sportive. Agissons de même. Quels sont les moyens, selon vous, pour lutter contre ce fléau qui a pris de l'ampleur ? Ce qu'il faut savoir, c'est que le football moderne est devenu un enjeu financier considérable. Aujourd'hui, nous avons remarqué que tous les moyens sont utiles pour acquérir un résultat pour faire face à ce fléau. Pour son éradication, il faut avoir une volonté ferme et sincère sans aucune démagogie. Ce mal qui ronge notre football ne concerne pas uniquement la FAF ; pour le combattre, c' est l'affaire de tous. Notre football est prisonnier d'un système, il est du devoir de tout un chacun de s'impliquer. En effet, certaines fédérations étrangères de football ont pris des décisions fermes. C'est à ce prix seulement que notre football retrouvera sa crédibilité. Si on revient à votre association des arbitres que vous présidez, on a laissé entendre que votre mission est de vous occuper seulement des anciens retraités… Pour moi, c'est un privilège et un honneur de m'occuper des anciens arbitres qui m'ont appris à respecter les valeurs de l'arbitrage et m'ont aidé dans ma carrière d'arbitre. Je leur suis très reconnaissant et je serai toujours à leur disposition et à leur écoute. Malheureusement, l'expression qu'on utilise “association des anciens retraités” m'a vraiment choqué et déçu. Au mieux, les termes “anciens chevaliers du sifflet” ou “anciens arbitres” tout court, seront les plus appropriés et respectueux, car je voudrais rappeler à certaines mémoires que personnellement j'ai été au service de l'arbitrage plus de 25 années d'activité et des années dans la gestion. J'estime donc avoir représenté dignement l'arbitrage algérien sur les plans national et international comme ceux de ma génération et de nos prédécesseurs. Je crois que nous méritons toute la considération et c'est un droit pour ce qui est de la dénomination de l'association que je préside : l'ANAF. C'est l'Association nationale des arbitres de football, reconnue par les instances officielles ; elle a été créée et constituée au ministère de la Jeunesse et des Sports à la demande de M. le ministre de l'époque. Donc, je souhaite qu'on doit éviter tout amalgame. On croit savoir qu'une association des arbitres ou une amicale des arbitres va être créée… Oui, je suis parfaitement en courant de cette initiative, et que certains arbitres internationaux ont été contactés et encouragés pour une association des arbitres en activité. Personnellement, je m'en félicite. Si c'est pour apporter une amélioration à notre arbitrage et défendre ses intérêts, elle n'aura que mon soutient. Mais s'il y a une intention toute autre, je mets en garde les initiateurs car c'est l'arbitrage qui va en pâtir et cela je ne le souhaite pas. L'arbitrage est critiqué, la DTNA décriée par l'ensemble des dirigeants. Peut-on en connaître les causes ? Ce que je peux dire, c'est que jamais une commission d'arbitrage n'a eu des moyens humains et matériels comme cette saison. La FAF n'a lésiné sur aucun moyen. La cause principale est l'encadrement technique de l'arbitrage qui en assume l'entière responsabilité de l'échec de notre arbitrage. M. Rachid Midjiba devrait se retirer avec dignité. Peut-être je vais vous surprendre : en se qui me concerne, j'ai une part de responsabilité dans cette débâcle de notre arbitrage car j'ai cautionné cette DTNA en début de saison et j'ai persuadé le président de la FAF pour la confier à M. Midjiba, ce que je regrette et l'assume pleinement. Très prochainement, nous comptons organiser une journée sur l'arbitrage pour débattre de tous les problèmes. R. S.