Vision L?artisan de Gijon, l?ex-entraîneur national Mahieddine Khalef, estime que le football est rongé par le mal de partout. Khalef, qui nous a reçus chez lui, pense que tout doit être revu devant la faillite de la gestion actuelle. InfoSoir : M. Khalef, peut-on connaître les raisons qui vous ont poussé à annoncer votre candidature en ce moment précis ? M. Khalef : Il n?y a pas de raisons particulières. Le ministre de la Jeunesse et des Sports avait déclaré que les fédérations sportives doivent organiser les élections dans la mesure où le cycle olympique prendra fin au terme de l?année 2004. Pour cela, je me suis engagé et j?ai annoncé ma candidature pour les prochaines élections à la FAF. Le renouvellement des instances fédérales après chaque fin de cycle olympique est universel. En France par exemple, le président de la FFF, Claude Simonet, devra céder sa place à un autre et ce n?est pas pour autant que les choses vont connaître des proportions négatives dans le football français. Mais vous vous êtes retiré de la scène footballistique ces dernières années. Qu?est-ce qui a motivé votre candidature ? Du moment que je ne figurais pas dans une structure officielle au niveau du football national, on vous ignore ou on ne vous fait pas appel, automatiquement vous êtes mis à l?écart. Malgré cela, je n?ai jamais quitté la scène footballistique d?une manière radicale dans la mesure où je n?ai pas cessé d?intervenir là et quand il le fallait. J?ai de tout temps déclaré que si nous continuions de la sorte, on risquerait de connaître des désillusions. Je pense que ma conception des choses n?a pas été au goût de certains, surtout ceux qui gèrent le football national. Quelque part, je dérangeais, mais j?ai laissé le temps faire les choses et enfin de compte, il m?a donné raison. Le président de la FAF, Raouraoua, a déclaré que les élections ne sont pas à l?ordre du jour. Que pouvez-vous nous dire à ce propos ? Ce n?est qu?en Algérie qu?on ne respecte pas le cycle olympique. Certes, il y a eu le retrait de confiance à M. Kezzal ce qui a contraint à l?organisation d?autres élections une année après, mais il fallait penser à ne pas influer sur les prochaines, sinon ça sera un éternel recommencement. Nous allons à chaque fois assister à la même histoire, à savoir décaler les élections d?une année par rapport au cycle olympique. Maintenant, si les pouvoirs publics décident de la sorte, je n?ai qu?à me plier à cette décision sans toutefois l?approuver. Je tiens à apporter une précision : si le ministre n?avait pas déclaré que les élections se tiendront à la fin du cycle olympique, je n?aurais jamais annoncé ma candidature. J?aurais attendu le moment opportun. Dans ce cas-là, allez-vous maintenir votre candidature ? Il faut attendre l?évolution des choses. Il y a 14 mois d?intervalle, d?ici là tout peut arriver. Je m?aligne sur la déclaration du nouveau DTN, Meziane Ighil, qui a dit que pour être en conformité avec la loi, il est judicieux d?organiser des élections en 2004. Maintenant, si l?Etat voit autrement, je me soumets à cette décision, mais je maintiens ma désapprobation. L?absence de la télévision n?est pas passée inaperçue lors de la conférence de presse que vous avez tenue dernièrement. Comment l?expliquer ? J?ai toujours cru que les médias, surtout publics, doivent être neutres. Tous les Algériens ont droit à cet espace d?expression dans un cadre organisé bien sûr. Les raisons de l?absence de la télévision me sont inconnues et je pense que la question doit être posée à qui de droit. Peut-être qu?ils ont leurs raisons. Pour ce qui me concerne, j?ai pris mes devants en adressant un fax au service des sports de la Télévision algérienne. Je souhaite que ce ne soit pas un parti pris; cela serait malheureux. Nous sommes dans un Etat de droit et de démocratie où les responsables de ce pays font tout pour ancrer cette culture dans l?esprit des Algériens. Moi je dis qu?il ne faut pas être juge et partie en même temps d?autant qu?il s?agit d?un média public. Peut-on connaître les grandes lignes du programme de M. Khalef ? En 1990, je me suis retiré du football national parce que l?Etat s?est démarqué de ce sport. D?ailleurs, la déclaration du ministre de la Jeunesse et des Sports en dit long sur cet état de fait. Il a dit qu?il y a des gens qui se sont introduits dans les affaires du football national sans en avoir aucun rapport. Cela a provoqué la faillite dans la gestion de ce sport et le devoir de la tutelle est d?assainir son environnement et de se débarrasser de ces intrus. Aujourd?hui, je pense que l?Etat commence à s?impliquer dans le sport en général, le football en particulier et cela va avec ma conception des choses. Il faut respecter les nouvelles donnes sur les plans socio-économique et technique. Je suis un partisan de l?implication totale de l?Etat dans le football. Je suis persuadé qu?il faut tout revoir. Nous avons tendance à s?occuper du haut de la pyramide alors qu?il faut voir du côté de la base. Mettre les moyens nécessaires dans la formation des jeunes joueurs et émettre des textes qui régissent ce volet qui reste à mon sens la seule issue pour sortir notre football de son marasme. Le volet de la formation doit cerner tous les secteurs, les entraîneurs, les dirigeants sportifs et les arbitres. Ces derniers doivent rendre des comptes au président de la FAF. Redonner la crédibilité au cadre sportif algérien et faire participer tous les acteurs influents pour le redressement du football. Même les supporters doivent s?impliquer d?une manière ou d?une autre dans un cadre organisé. J?exige aussi la révision du système de compétition. On ne va pas se targuer d?avoir terminé la compétition à une telle date, mais de n?importe quelle manière. Le Sud, dont la richesse n?a pas été exploitée, doit avoir une place privilégiée dans la carte géofootballistique. C?est malheureux de voir un centre comme celui de Seraïdi devenir des pâturages pour les moutons. Des décisions politiques s?imposent dans ce sens parce que il y va de l?intérêt national. Et l?Equipe nationale dans tout cela ? On ne monte pas une équipe nationale comme ça en un clin d??il. Si vous n?avez pas un championnat sérieux et un programme qui réponde aux attentes, on ne peut pas faire grand-chose. L?Equipe nationale doit avoir un statut à part, mais il faut savoir être rationnel. Je pense que la composante des Verts se trouve en Algérie, ce qui permettra d?avoir un maximum de joueurs à sa disposition pour effectuer des stages en permanence. Malheureusement, ce n?est pas le cas actuellement dans la mesure où la majorité des joueurs qui composent l?Equipe nationale évolue en Europe sans toutefois être d?un niveau supérieur à ceux du cru. On parle de professionnels pour des joueurs qui évoluent en deuxième et troisième divisions françaises sans pouvoir décrocher une place de titulaire. Il faut que la base se trouve ici en Algérie et éventuellement la renforcer par les meilleurs qui évoluent à l?étranger. Quel est votre but ? Il y a un constat amer que tout le monde ne peut occulter : la faillite dans la gestion du football. Il est impératif de revoir le tout pour espérer voir le bout du tunnel. Mon but est de redonner au sport roi en Algérie une âme.