Les représentants des organisations patronales FCE, CNPA, CIPA, CAP, UNI et l'UGTA se sont réunis hier pour protester contre le traitement réservé au président du FCE, Ali Haddad, le samedi 15 juillet à l'Institut supérieur de la Sécurité sociale. Le Premier ministre avait, ce jour-là, demandé à ce que ce patron des patrons ne soit pas présent à la cérémonie. À l'issue de ce conclave à huis clos, ils ont signé une déclaration s'élevant contre cette pratique qui, selon eux, porte préjudice à l'esprit et à la lettre du pacte économique et social. Point de référence dans le texte aux mises en demeure parues et commentées par la presse qui s'adressent au groupe ETRHB Haddad détenu par Ali Haddad, le patron du FCE. Jusqu'à présent, à notre connaissance, le groupe ETRHB n'a pas encore réagi à ces mises en demeure qui portent sur des marchés d'une valeur de plus de 4 milliards de dollars, et qui correspondent à de grands projets confiés à cette entreprise et qui accusent des retards de plusieurs années : deux voies ferrées d'importance stratégique dans le programme de développement du rail dans le pays, le stade de Tizi Ouzou d'une capacité de 50 000 places et la pénétrante reliant le port de Djen Djen à l'autoroute Est-Ouest. L'Anesrif et l'Algérienne des autoroutes en particulier somment cette entreprise de renforcer en moyens humains et matériels ces chantiers. On peut se demander si ce groupe est qualifié pour remporter ces marchés : a-t-il des moyens humains et matériels suffisants pour mener de tels chantiers ? Dans le domaine du rail, des marchés importants lui sont confiés sans qu'il ait une expérience importante dans la réalisation des voies ferrées. Dans un projet, le marché est attribué à cette seule entreprise et non en groupement avec d'autres sociétés. Ce qui soulève des interrogations. Il est vrai que durant ces années de crise, les pouvoirs publics ont encouragé les entreprises algériennes en leur attribuant des marchés qui étaient auparavant remportés par des sociétés étrangères, en vue de réduire les transferts de devises. Mais peut-on faire fi en menant cette politique des normes de qualité, et des impératifs de respect des coûts et des délais ? Le silence sur les mises en demeure pose également la problématique du mauvais choix des sociétés de réalisation. Une pratique ancienne qui est à l'origine des énormes surcoûts dans la réalisation des grandes infrastructures. Un grand gaspillage de l'argent public. Avec tout cet argent dilapidé, on aurait pu construire des hôpitaux, des centres anticancéreux, des dizaines de milliers de logements et créé des centaines de milliers d'emplois. On aurait, en somme, procuré du bonheur à beaucoup d'Algériens. Cette situation de grand gaspillage de l'argent public n'est pourtant pas suffisamment dénoncée par ces représentants du patronat et de l'UGTA. Ils dénoncent aujourd'hui un acte du Premier ministre qui est approuvé par nombre d'Algériens. Car les citoyens ont de la répulsion pour l'affairisme et les collusions d'intérêts au détriment de la majorité des contribuables. Cela ne veut pas dire que la démarche d'Abdelmadjid Tebboune est parfaite. Lui aussi sera jugé sur ses actes et sur ses actions au cours des prochaines semaines, prochains mois. Répondra-t-il aux attentes des citoyens ou assiste-t-on, encore une fois, à un jeu de pouvoir entre clans destiné à faire passer la pilule de la succession au peuple, au profit du pouvoir en place ? On sera fixé dans les prochains mois.