Elle a été, très certainement, la première personne à fustiger publiquement les pratiques du président du Forum des chefs d'entreprise (FCE) et patron du groupe ETRHB, Ali Haddad. Elle, c'est Mme Saïda Neghza, présidente de la Confédération générale des entreprises algériennes (CGEA). Interrogée sur les derniers développements dans les relations entre le gouvernement et certains partenaires sociaux, Mme Neghza nous a confié qu'elle a, elle aussi, été conviée à prendre part au conclave controversé d'El-Aurassi, mais qu'elle a décidé de décliner cette offre. Et ce sont deux personnalités parmi les participants à la réunion en question, en l'occurrence Abdelmadjid Sidi-Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, et Mouloud Kheloufi, le président de l'Agea, qui, assure-t-elle, ont pris contact avec elle pour évoquer le sujet. "La veille de cette réunion, vers 21h, j'ai reçu un appel de Sidi-Saïd m'invitant à cette réunion à laquelle je me suis opposée aussitôt. Quelque temps après, je reçois un SMS de Mouloud Kheloufi, président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), me demandant, tout simplement, de l'autoriser à signer la déclaration de guerre contre Tebboune, ce que j'ai naturellement refusé", affirme-t-elle, dénonçant, dans la foulée, la façon de faire des initiateurs de cette réunion. "Pourquoi, en effet, s'attaquer à un Premier ministre qui vient d'ouvrir les portes du dialogue ? Et puis, quoi encore ? J'ai appris par la suite que je n'étais pas la seule à subir ces pressions de Kheloufi qui s'est érigé, pour l'occasion, en porte-parole du duo Haddad-Sidi-Saïd", révèle-t-elle, encore. Mme Neghza n'en reste pas là puisqu'elle n'hésite pas à faire d'autres révélations concernant le déroulement du conclave. Cette réunion, qui devait se tenir à huis clos, a fait l'objet, assure-t-elle, d'une fuite organisée qui démontre, d'une certaine façon, "l'amateurisme" sinon la "naïveté" de ses animateurs. "Bien qu'absente, j'ai pris connaissance du contenu des discussions de l'hôtel El-Aurassi. Je sais tout ce qui s'est dit. Je dispose même d'un enregistrement de 35 minutes de cette réunion qui n'est autre qu'un appel à la sédition, au trouble à l'ordre public. Chacun des intervenants devra assumer ses propos !", menace-t-elle. Questionné sur les chances de voir aboutir les "revendications" du duo Haddad-Sidi-Saïd, la présidente de la CGEA s'attend à une inanité de cette démarche vouée, d'après elle, à l'échec. "Dorénavant, ils ne peuvent rien faire et je leur lance même un nouveau défi à ce sujet. Ils ne représentent plus qu'eux-mêmes. Ils n'ont fait que défendre des intérêts personnels étroits", lance-t-elle, un brin défiante. Quant aux suites attendues de cette affaire que l'opinion nationale et même internationale suit de près, Mme Neghza estime que des comptes doivent être rendus. Elle trouve, surtout, inconcevable la position campée par le duo Haddad-Sidi-Saïd qui, d'après elle, serait mû uniquement par des intérêts communs. "Ils prétendent défendre le programme du Président alors qu'ils s'attaquent à son Premier ministre désigné par le même chef de l'Etat et à l'effet, précisément, d'appliquer ce même programme. Par ailleurs, à ma connaissance, c'est la première fois qu'un syndicaliste, censé être au service des travailleurs, en vient à soutenir, de cette manière, le patronat contre une action du gouvernement qui cherche à dialoguer et à rationaliser les dépenses." Mohamed-Chérif Lachichi