La politique de rationnement a provoqué des perturbations sur le marché qui laminent le pouvoir d'achat des Algériens. L'instruction du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, interdisant l'importation de produits alimentaires et industriels continue de provoquer de sérieuses perturbations sur le marché national. Les produits faisant partie de cette black-list enregistrent actuellement une hausse des prix. Les quotas, qui, d'habitude, inondent le marché et par la même répondent à la demande nationale avec des niveaux de prix abordables, ont été presque éliminés des étals. Ce qui a engendré une pénurie à l'origine d'une augmentation des tarifs pratiqués par les détaillants au grand dam des consommateurs, notamment ceux aux bourses moyennes. Pourtant, le Premier ministre avait promis, à la publication de sa note, que la mesure ne va pas créer une rareté de ces produits et ne touchera pas au pouvoir d'achat des citoyens. Pour s'être lancé dans un tel engagement, Abdelmadjid Tebboune s'est assurément appuyé sur les capacités de la production nationale à pallier une éventuelle indisponibilité ou disponibilité insuffisante de ces produits sur le marché. Or, jusqu'à preuve du contraire, la production locale fait toujours défaut lors des grands rendez-vous. C'est dire que la production nationale n'est pas encore en mesure de satisfaire, toute seule, les besoins locaux. Résultats des courses : une hausse des prix estimée à environ 20% des produits, tels que les fromages de l'importation (gruyère, rouge...), les cosmétiques et parfums, les meubles... L'on consent que cette décision prise par le gouvernement vise à réduire la facture d'importation en cette période de crise mais encore faut-il que le dispositif mis en place résiste de manière efficiente à la demande sans cesse croissante des ménages. La mise en œuvre d'une telle mesure exige au préalable que la production nationale soit renforcée et encouragée. Que les quantités produites soient impérativement augmentées de sorte que l'offre s'adapte à la demande. De cette manière, l'on évitera le décalage qui pourrait surgir entre les quantités disponibles et les besoins exprimés. C'est cet écart même qui provoque l'augmentation des prix. Une chose est certaine, la réalité du terrain prouve l'inaptitude du produit national, du moins pour le moment, à faire face aux exigences du consommateur du point de vue de la quantité et de la qualité. L'interdiction concerne, faut-il le rappeler, les produits industriels et agricoles, notamment ceux qui sont de nature à concurrencer les produits fabriqués localement, entre autres l'électroménager, l'électronique et quelques matériaux de construction à l'instar du marbre, des céramiques... Pour le Premier ministre, il faut réduire la facture des importations en s'attaquant aux produits "superflus" et ceux de nature à concurrencer la production locale. Des dizaines de containers bloqués aux ports Il a critiqué l'importation pour plusieurs millions de dollars de confiserie, de chocolats et de ketchup... L'autre conséquence de cette mesure gouvernementale, le blocage de dizaines de containers aux ports d'Alger, d'Annaba, d'Oran et de Skikda, alors que les transactions et autres démarches pour l'achat de ces marchandises étaient effectuées avant la publication de cette note. Pour cela, l'Association nationale des commerçants et artisans (Anca) demande à ce que cette situation soit débloquée et que les dossiers de ces opérateurs soient étudiés au cas par cas afin de leur éviter le paiement des surestaries qui se chiffrent en millions de dollars. B. K.