La wilaya de Tizi Ouzou connaît depuis le début de l'été, et comme chaque année d'ailleurs, des perturbations dans la distribution de l'eau potable liées beaucoup plus à des difficultés de gestion et de distribution qu'à des problèmes de disponibilité de réserves hydriques touchant particulièrement plusieurs localités de Kabylie telles que Béni Douala, Maâtkas et Béni Zmenzer, alimentées par la chaîne de Tassadort et qualifiées, par le directeur local de l'ADE, Amar Berzouk, de "points noirs", car alimentées par un réseau pour le moins vétuste. Si le directeur de l'ADE a jugé que "la situation est calme pour le moment", il a, toutefois, haussé le ton sur certains points qui font durer le problème de manque d'eau potable en dénonçant un nombre important de branchements illicites et d'arrosages de complaisance ainsi que les graves effets des grosses canicules et des incendies exceptionnels qu'a connus la région. "Cette crise est accentuée par le nombre important de branchements et d'arrosages illicites qui causent un énorme préjudice à l'ADE. Le marasme est aussi accentué par les fortes chaleurs et la demande en eau qui a presque doublé puisqu'elle est passée de 1,2 million à 2 millions de m3 en cette saison estivale", dira-t-il tout en citant le cas de la source d'Avervar, dans la daïra de Bouzeguène, où seulement 10% de l'eau produite arrive au réservoir principal alors que le reste est piraté en cours de chemin ! "Même le projet de réfection du réseau qui mène vers Bouzeguène et qui est censé supprimer tous les captages illicites, est bloqué par la population au niveau de la commune d'Ath Ziki", regrette le directeur de l'ADE. Quant au problème de distribution d'eau, selon notre interlocuteur, il s'agit d'une défaillance à laquelle l'ADE de Tizi Ouzou compte parer avec une nouvelle réorganisation de son unité. "L'eau est une histoire de pérennité et non de conjoncture. Nous produisons l'eau nécessaire pour toute la région mais je reconnais que nous sommes quelque peu défaillants dans sa distribution. Notre tutelle a d'ailleurs ordonné la réorganisation de l'unité de Tizi Ouzou pour pouvoir redéployer le personnel et mettre tous les moyens nécessaires pour améliorer le système de distribution". M. Berzouk n'a pas écarté l'idée de recourir à des brigades de lutte contre les captages clandestins et les arrosages illicites pour venir à bout de toutes ces infractions mais cela demande plus de moyens humains et logistiques pour l'ADE, a-t-il jugé. Il rappellera que Tizi Ouzou compte 200 stations de pompage pour une production de 300 000 m3 par jour et une moyenne quotidienne de 200 litres par habitant. Pour notre interlocuteur, le problème réside aussi dans le prix insignifiant de l'eau. "Nous produisons de l'eau entre 40 et 45 DA le m3 mais nous l'écoulons ensuite à 20 DA alors que notre facture énergétique s'élève à 7 DA pour un litre d'eau, ce qui est une charge importante à laquelle s'ajoute la masse salariale de 1 600 travailleurs qui est de l'ordre 80 millions de dinars. Cette situation fait que notre entreprise traverse une situation difficile. Nous sommes même en rupture de payement de nos redevances avec la Sonelgaz et cela a un impact direct sur la qualité du service public." Et pour conclure, Amar Berzouk, connu pour son franc-parler, refuse de politiser le problème de l'eau. "L'eau est incolore et inodore. Il n'a pas de couleur politique et il est vital pour tout le monde. C'est un produit social qui doit être à la portée de tous les citoyens, et ce, malgré sa raréfaction et la situation géographique de notre pays qui est semi-aride, ce qui nous pousse, tout de même, à trouver des solutions adéquates !".