Le taux de déperdition s'élève à 60%, selon l'entreprise de production. La sécheresse de 2015 a fortement réduit les ressources hydriques dans la wilaya de Tizi Ouzou, créant des perturbations dans l'alimentation en eau potable dans les foyers. Interrogé sur les capacités de son secteur à faire face à la demande croissante en eau, le directeur de l'Algérienne des eaux (ADE) de Tizi Ouzou, Amar Berzouk, répond : «Nous sommes 1 200 000 habitants abrités par 1540 villages disséminés à travers les 67 communes. La wilaya a bénéficié d'importants moyens matériels qui permettent aux 1200 ouvriers de l'ADE de faire parvenir cette eau à chaque foyer dans les villages, à travers 7000 km de réseaux. Ces moyens sont les 180 stations de pompage et 800 motopompes qui tournent en H/24 pour assurer une production suffisante, soit 250 000 à 300 000 mètres cubes d'eau/jour, c'est dire que la bataille de la production est gagnée. Le problème qui se pose est que beaucoup de consommateurs, notamment en zones rurales, rechignent à placer des compteurs chez eux. L'ADE cède l'eau à 6,30 DA le m3, alors que les charges d'énergie par mètre cube lui reviennent à 5,60 DA. Cette facture est chaque année de plus de 50 milliards de centimes, autrement dit, cela revient pour l'ADE à entre 35 et 40 DA le prix réel du mètre cube», précise notre interlocuteur. Le nombre des abonnés ADE varient à entre 267 000 et 270 000 clients. M. Berzouk nous précise que «l'eau est subventionnée par l'Etat, certes, mais le consommateur doit accepter le placement d'un compteur chez lui afin d'éviter le gaspillage». L'ADE produit 300 000 m3/jour, soit 180 à 200 litres d'eau/jour par habitant, mais son rendement est de 40%, soit une perte de 60%, et un tel taux ne peut être attribué aux seules fuites sur les réseaux. «Par le passé, les APC réglaient les factures de consommation dans les zones rurales. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas», avertit M. Berzouk, qui cite l'exemple d'Adrar Ath Kodia (Aghribs) : «Avant le placement de compteurs chez les ménages au sein de ce village, le réservoir local de 250 m3 se vidait en un temps très court, mais aujourd'hui, avec l'installation de compteurs, le même château d'eau ne se vide pas avant trois à quatre jours.» Selon M. Berzouk, «l'ADE compte des créances de 39 milliards de centimes auprès des APC, 20 milliards auprès des administrations de la wilaya et environ 80 milliards vis-à-vis des ménages. L'entreprise n'arrive pas à recouvrer ces créances, sachant qu'elle ne peut couper l'eau à une université, à un établissement scolaire, à un hôpital… C'est une réalité que les gens doivent comprendre afin de ne pas aggraver les éventuelles insuffisances de l'ADE à travers des piquages illicites, l'arrosage…» Avec le début de l'été, précise M. Berzouk, «la wilaya de Tizi Ouzou va accueillir un surplus de 500 000 consommateurs d'eau, qui viennent d'Alger et de l'émigration, soit 1 800 000 habitants environ, d'où la nécessité de préserver cette denrée, que les organismes mondiaux (OMS, Unesco…) placent en premier avant le lait et le pain. Au cas où la même sécheresse telle que celle de 2015 sévirait l'hiver prochain, le risque de graves pénuries n'est pas à écarter. Le niveau remplissage du barrage de Taksebt est actuellement de moins de 80%», ajoute M. Berzouk en tirant la sonnette d'alarme concernant le gaspillage de l'eau.