Le Premier ministre a focalisé son intervention sur la crise financière qui secoue le pays. Une situation qu'il qualifie de tendue. La confrontation Premier ministre-Ali Haddad n'a pas eu lieu hier. Abdelmadjid Tebboune en présidant hier la rencontre gouvernement-patronat-UGTA s'est gardé d'évoquer l'incident avec le patron du Forum des chefs d'entreprise. Ali Haddad n'a pas parlé, Sidi-Saïd également. En un mot, à l'exception du Premier ministre, il n'y a eu que de brèves interventions. La réunion qui a duré une heure et demie se résume en une longue intervention du chef de l'Exécutif sur la crise économique qui secoue le pays, rapporte un participant à cette rencontre. Abdelmadjid Tebboune a situé la gravité de ce choc financier, retracé les efforts effectués par l'Algérie depuis 2014 pour surmonter la crise économique et les mesures que compte mettre en œuvre le gouvernement pour sortir le pays du tunnel des difficultés financières. Le Premier ministre exclut le recours à l'endettement extérieur. "Il est hors de question de recourir à l'endettement extérieur et nous ne voulons même pas y penser. Nous refusons d'hypothéquer notre souveraineté quelle que soit la situation et ce sont là les instructions du président de la République. En dépit de la situation financière tendue, l'Etat dispose de moyens matériels lui permettant de continuer à financer les projets de développement prioritaires notamment le logement, la santé, l'enseignement, et payer les salaires et importer pour 35 milliards de dollars par an". Selon le président de l'organisation patronale Cipa, Abdelaziz Mehenni, son discours a eu un fort effet sur les patrons. Pour un premier contact, l'intervention d'Abdelmadjid Tebboune a séduit les présidents des organisations patronales. En fait, Abdelmadjid Tebboune a appelé les chefs d'entreprise à se mobiliser pour surmonter la crise, booster la production pour limiter les importations. Ce discours a été fort bien accueilli d'autant que le Premier ministre a annoncé des incitations en faveur des chefs d'entreprise. Après avoir rappelé que son gouvernement mise désormais sur les PME plutôt que sur les grands investissements qui n'ont pas donné les résultats escomptés, il a indiqué que "de vastes superficies du foncier industriel seront affectées à ces entreprises". On recense 3 800 parcelles industrielles vacantes et 3 000 attribuées et non exploitées. Le Premier ministre a ajouté que la priorité sera accordée à la production d'intrants et que les entreprises activant dans ce domaine vont bénéficier de financements et auront la priorité absolue dans l'obtention du foncier industriel. "Je vous octroierai tous les avantages fiscaux et parafiscaux si vous investissez dans la production et l'augmentation de la production (ndlr : dans la production de produits en substitution aux importations)", a déclaré aux patrons Abdelmadjid Tebboune, rapporte le président de la Cipa. Le discours et les annonces ont enthousiasmé les participants selon la même source. "Tout le monde était content à l'issue de la réunion. Tout le monde est parti content." À la fin de cette réunion d'"apaisement", le Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a invité les participants à soumettre leurs propositions concernant l'ordre du jour de la prochaine tripartite ainsi que celles inhérentes aux solutions à la crise avant le 31 août prochain. Tout cela laisse penser à une reculade du Premier ministre relative à son projet de s'attaquer à l'argent sale. En tout état de cause, on en saura davantage sur les véritables desseins du gouvernement d'ici à la prochaine tripartite. K. Remouche