Les années passent et se ressemblent, la même monotonie, la même ambiance morose. Pourtant, jadis chaque année, chaque saison est fêtée, comme il se doit. Hélas ! la disparition progressive des coutumes et traditions est constatée de plus en plus dans cette région de l'Algérie profonde pourtant censée être conservatrice. Prenons l'exemple de la saison du printemps. En dehors de la conception par les ménagères des galettes fourrées de dattes marquant l'arrivée de cette saison censée être celle des couleurs, la vie, les autres coutumes n'ont plus cours. En plus de cette tradition perpétuelle bien ancrée dans les Aurès où la galette en question, appelée communément “bradj” demeure très appréciée, le printemps était célébrée par un jeu appelé “kora”, consistant à opposer deux équipes avec un nombre déterminé de joueurs munis de longs bâtons pour frapper une boîte métallique en guise de balle. Ni vainqueur ni vaincu ne sont recherchés dans ce jeu que pratiquaient les hommes et les femmes mais l'ambiance de fête qui le marque. De leur côté, les enfants sont gâtés puisque leurs mères leur font cuire des galettes spéciales à l'occasion du printemps, de forme ronde avec des extrémités en dents de scie et que les enfants aiment rouler dans l'herbe. Après toute cette ambiance qui marque le début du printemps dans la bourgade ou le douar, les habitants se retrouvent réunis autour d'une “chakhchoukha” spéciale dont la recette demeurent gardée farouchement en secret chez les personnes âgées lesquelles n'hésitaient pas autrefois à pratiquer les métiers agraires avec les hommes. Malheureusement, technologie oblige, même les métiers de jadis ont disparu à l'image de celui du maréchal-ferrant que les paysans trouvaient devant les écuries, les jours de marché. La vocation agricole de la région a toujours été intimement liée à certains métiers agraires nécessaires pour l'activité ancestrale. Il s'agit notamment de certains moyens de transport pour les céréales fabriqués jadis par les mains rugueuses des maîtres forgerons, à savoir carrosses et charrettes tirés par les chevaux, qui demeurent des moyens de transport de fortune pour les paysans, alors que la remorque fixée au tracteur servait à transporter les semences ou moissons. Enfin, bon nombre de coutumes et traditions ont disparu de nos contrées aujourd'hui, d'autant plus qu'elles ont été réellement marquées par l'exode rural résultant de la décennie noire. La situation est telle que même l'activité ancestrale se trouve actuellement gérée à distance par des agriculteurs vivant dans les grands centre urbains. K. M.