RESUME : C'est la sonnerie du téléphone qui réveille Djamila. Elle a une brève discussion avec sa sœur. Elle est inquiète pour son mari. Il n'a pas donné signe de vie. Ce n'est pas normal. Jamais cela n'était arrivé auparavant pour s'inquiéter autant… Djamila ne sait que faire. Elle est partagée entre l'espoir de voir son mari arriver et l'envie d'appeler la police. - Il va arriver, se dit-elle. Je lui ouvrirai, après qu'il se soit reposé, il m'expliquera ce qui l'a retenu. Il dînera et après, on se mettra au lit. Djamila l'imagine fatigué. Elle espère qu'il a eu l'idée de s'arrêter pour se reposer. Il a pu s'endormir. La jeune femme refuse de penser au pire. Même si au fond d'elle, elle est morte d'inquiétude, elle s'interdit de penser négativement. Elle savait ce qu'il risquait sur les routes en acceptant de faire de longs trajets. - Dépêche-toi Omar. Dépêche-toi. Elle a le sentiment que sa prière a été entendue lorsqu'elle est éblouie par des phares. Une voiture s'arrête en face de chez elle. Ce n'est pas le taxi de son mari. Djamila regarde deux hommes descendre de la voiture puis aller frapper chez ses voisins. Elle soupire de soulagement. L'espace de quelques secondes, elle a cru qu'ils étaient venus pour elle. Elle s'écarte de la fenêtre et va s'asseoir. Cette émotion l'a vidée d'un coup. Ses jambes tremblent. Elle pose les mains sur les genoux pour arrêter le tremblement. Mais rien ne semble pouvoir les empêcher de trembler. La tête baissée, les yeux fermés, elle écoute les bruits venant de l'extérieur. Une pensée a fait son chemin en elle et elle la terrifie. Elle prie pour que son intuition soit fausse. Son cœur se trompe. Il ne peut pas en être autrement. Lorsque le grincement du portail de la cour grince, elle a l'impression de recevoir un coup de couteau au cœur. Elle se redresse lentement alors qu'on frappe à la porte d'entrée. - Il y a quelqu'un ? Djamila, au prix d'un grand effort, se lève et va à la porte d'entrée. Elle n'ouvre pas. - Qui est-ce ? - Un ami à votre mari, répond l'inconnu. Je suis aussi chauffeur de taxi. - Pourquoi êtes-vous ici ? Où est mon mari ? - Omar, Omar, dit-il après un moment d'hésitation, il est à l'hôpital. - Que lui est-il arrivé ? quelqu'un l'a-t-il agressé ? demande-t-elle. - Non, il a eu un accident. Djamila hésite à ouvrir la porte. Elle voudrait voir le visage de ce monsieur, venu lui apporter la nouvelle. Mais elle trouve étrange que ces deux hommes soient encore dehors alors qu'il est près de minuit. - Où était-il allé ? - À Jijel, il y avait emmené un couple et leurs enfants, répond l'inconnu. Il savait que vous ne feriez pas confiance et il m'a dit qu'il a hâte d'être vendredi, pour passer la journée avec les enfants. Djamila éclate en sanglots. Elle consent enfin à ouvrir et elle voit bien, aux visages tristes des deux inconnus, qu'ils n'ont pas tout dit. Les autres nouvelles ne doivent pas être bonnes. - Comment est-ce arrivé ? Je connais mon mari et il est très prudent en route, dit-elle. Je ne comprends pas. - Il descendait de sa voiture quand une fourgonnette l'a percuté. - Son état est-il grave ? - Je ne sais pas. Je l'ai vu avant qu'il ne soit emmené au bloc opératoire, lui confie-t-il. À l'heure qu'il est, ils doivent l'opérer. Djamila ne sait que faire. Elle a envie de les suivre à l'hôpital mais elle ne peut pas laisser les enfants seuls. Elle décide d'attendre le matin. D'ailleurs elle ne pourra pas le voir puisqu'il est au bloc. (À suivre) A. K. [email protected]