RESUME : Djamila rentre plus tôt que d'habitude. Elle est heureuse de retrouver ses enfants. Omar a prévenu qu'il ne rentrerait pas tout de suite. Très fatiguée, Djamila s'endort. Les enfants ne font pas de bruit, même s'ils sont inquiets du retard de leur père. Djamila sursaute. Il lui semble avoir entendu le téléphone sonner. En se redressant, elle remarque que la chambre est plongée dans l'obscurité. Elle réalise, sans joie, avoir dormi. - Les enfants ! s'écrie-t-elle, en quittant le lit, pour sortir de la chambre. Vous n'auriez pas dû me laisser dormir ! - Je ne pouvais pas maman. Tu dormais si bien, dit son fils Salim. Je ne pouvais pas. Mais réponds maman… - Oui. Djamila décroche et sourit en reconnaissant la voix de sa sœur Hakima. - Comment vas-tu ? - Je ne te cacherai pas que je m'étais endormie. J'ai fait de la peine à mes enfants, ils n'avaient pas envie de me réveiller, lui confie Djamila. Mais quelle heure est-il ? - Sept heures. Omar n'est pas là ? lui demande sa sœur. D'habitude à cette heure-ci, il est rentré, remarque-t-elle. - C'est vrai, reconnaît Djamila. Il m'avait appelée pour me prévenir qu'il avait une course sur Jijel. Il avait promis de me rappeler avant son retour. C'est étrange, d'habitude, il tient ses promesses. - Il devait vouloir ne pas perdre de temps, tente Hakima de la rassurer. Il doit être sur le chemin du retour. - Je l'espère. Inquiète quant au retard de son mari, elle n'a plus le cœur à bavarder. - On se rappelle plus tard, dit-elle à Hakima. Je dois préparer le dîner. Sur ce, elle raccroche. Ses yeux cherchent la pendule. Il est sept heures dix et Omar aurait dû appeler. - Maman, est-ce que tu peux m'aider dans mes devoirs. Je dois apprendre une récitation et mes frères ne veulent pas m'écouter. - Bien sûr. Allons à la cuisine. Tout en préparant le dîner, elle l'assiste dans l'apprentissage de sa récitation. Parfois elle va jeter un coup d'un œil sur la pendule du salon. Près d'une heure a passé depuis et Omar n'a toujours pas donné signe de vie. Elle est morte d'inquiétude mais s'efforce de ne rien montrer. Elle ne veut pas inquiéter ses enfants. Elle les laisse terminer leurs devoirs puis leur demande de passer à table. Elle ne mange pas avec eux, son estomac est noué par l'angoisse. - Allez faire votre toilette avant de vous coucher, leur dit-elle. Dès que j'ai fini la vaisselle, je passe vous souhaiter une bonne nuit. Dès qu'elle a fini de rincer les assiettes, elle prépare la table, tenant à rester optimiste. Omar allait rentrer d'une minute à l'autre et ils dîneront en tête à tête. Djamila va dans la chambre des enfants et reste avec eux jusqu'à ce qu'ils soient endormis. Le silence est pesant. Elle a l'impression que ses sombres pensées lui reviennent en écho. Son angoisse s'accentue lorsqu'elle se rend compte que le temps a encore filé. Omar ne s'est toujours pas manifesté. - Ce n'est pas normal, se dit-elle en allant au salon. Il aurait dû appeler. Jamais il ne prend le risque de conduire de nuit. La jeune femme reste près de la fenêtre et ne quitte pas la rue des yeux. Elle a hâte de voir le taxi de son mari venir se garer, devant l'entrée et voir ce dernier en descendre. Jamais il ne lui est arrivé de l'attendre aussi longtemps. Jamais elle a eu autant peur pour lui. (À suivre) A. K. [email protected]