Les services de la police et de la gendarmerie nationale ont traité 2 048 affaires relevant des différentes formes de violences sexuelles sur mineurs, contre 1 540 en 2003. Si les nouvelles statistiques révèlent une augmentation assez sensible, elles ne confirment pas une évolution constante. En 2002, par exemple, le bilan comportait 1 609 affaires. Cependant, cette fluctuation ne rassure guère les représentants des services de sécurité. Mme Messaoudène de la sûreté nationale se prépare déjà à de nouvelles formes de criminalité sexuelle sur les enfants et les adolescents. Elle pense, notamment au tourisme sexuel et à la cyber-pornographie. Mais actuellement, le plus gros de son travail consiste en le traitement des abus traditionnels. Comme le reste des intervenants dans la prise en charge des sévices sexuels sur mineurs, la commissaire est convaincue que les affaires atterrissant sur son bureau sont une goutte dans l'océan. “Les victimes révèlent rarement ce qui leur est arrivé. Et puis, souvent, leurs parents leur interdisent d'en parler, surtout quand le coupable est un membre de la famille”, note-t-elle. Le silence imposé constitue, aux yeux de cette responsable du bureau de la protection des enfants et de la lutte contre la délinquance, un danger sérieux pour la santé mentale des victimes. “Des études sérieuses montrent que la plupart d'entre eux deviennent à leur tour des délinquants sexuels ou dans le cas des garçons des homosexuels passifs”, fait-elle observer. Etant un indicateur, le recensement effectué par les départements de la sécurité comporte un constat pour le moins alarmant. Ainsi, sur un ensemble de 1 253 personnes interpellées par la gendarmerie nationale en 2004 pour des atteintes sexuelles, 652 ont été exercées sur des mineurs. 649 de ces individus sont impliqués dans des affaires d'atteinte à la pudeur et trois écroués pour inceste. Leur profil correspond le plus souvent à des chômeurs (329). 125 sont des ouvriers journaliers, 107 des étudiants et 25 fonctionnaires. Du côté des victimes, les petites filles sont les plus vulnérables. Sur les 1 386 affaires traitées par la DGSN l'année écoulée, 713 touchent des mineures âgées entre 10 et 18 ans. Les filles sont également plus exposées aux tentatives d'enlèvement (89 sur 133). De leur côté, les garçons sont les victimes privilégiées des coups et blessures volontaires (1 892 sur 2 603). En 2004, les violences toutes catégories sur mineurs ont atteint 4 554. 20 ont été suivies de meurtres. S. L.