L'Algérien a toujours tendance à croire que c'est l'Etat qui doit tout lui fournir. L'assurance contre les catastrophes naturelles (Catnat) en est le parfait exemple. Le taux de pénétration des assurances agricoles ne dépasse pas 0,2% estiment certains assureurs. Seulement 21% des agriculteurs sont assurés. Bien que ce taux de pénétration ait connu une progression ces trois dernières années, il reste encore "très loin" des objectifs que la Caisse nationale de la mutualité agricole (CNMA) s'était fixés. Selon la dernière note de conjoncture du Conseil national des assurances (CNA), en dépit de la hausse du nombre de contrats souscrits, passant de 112 931 au premier trimestre 2016 à 114 838 au titre du premier trimestre de l'année en cours, la branche agricole accuse une baisse de 23,4%, suite à la révision des tarifs à la baisse. Les principales décroissances concernent les sous-branches "production animale" et "multirisque engins et matériels agricoles". En annonçant l'indemnisation des victimes des feux de forêt pour les pertes qu'elles ont subies, le gouvernement a envoyé un mauvais signal aux agriculteurs qui affichent peu d'engouement à s'assurer, malgré les différentes campagnes de sensibilisation qu'organise chaque fois la CNMA. L'assurance en Algérie, c'est d'abord une histoire de culture. L'Algérien a toujours tendance à croire que c'est l'Etat qui doit tout lui fournir. L'assurance contre les catastrophes naturelles (Catnat) en est le parfait exemple. En dépit de son caractère obligatoire elle peine à se développer. Les gens comptent sur l'Etat pour les indemniser. La générosité de l'Etat constitue alors un facteur qui limite le développement de l'assurance agricole. Il y a quelques années, nous avions évoqué le projet de dispositif d'assurance des calamités agricoles. La première caractéristique de ce projet de dispositif serait de préconiser la rupture avec l'indemnisation de l'agriculteur par les fonds de l'Etat après chaque calamité agricole en proposant la mise en place d'un système assurantiel, subventionné par l'Etat. Le texte prévoyait le bénéfice d'une contribution de l'Etat pour le paiement de la prime ou de la cotisation d'assurance à tout agriculteur ou groupement d'agriculteurs souscrivant un contrat multirisque d'assurance de dommages et de responsabilité, en couverture des biens et des activités de son exploitation ou d'un ensemble d'exploitations. Ainsi l'agriculteur bénéficierait d'une couverture contre les conséquences des calamités agricoles en ne payant à son assureur qu'une petite partie de la prime, l'autre étant versée par les fonds publics directement à la société d'assurances. Dans le même sens, le système préconisé encouragerait fortement le recours à la co-assurance et la souscription par le biais de coopératives ou de groupements d'agriculteurs. A contrario du système de couverture des catastrophes naturelles, le dispositif d'assurance des calamités agricoles ne préconiserait pas d'obligations, mais plaiderait en faveur de la responsabilisation des acteurs. Le libre choix est laissé à l'agriculteur de recourir ou non à une couverture d'assurance permettant une meilleure gestion des risques et à l'assureur de proposer ou non des produits d'assurance incluant des garanties de calamités agricoles bénéficiant de la subvention de l'Etat et permettant une évolution considérable de son chiffre d'affaires en assurance des risques agricoles. Le ministre de l'Agriculture a indiqué, en juillet dernier, que l'assurance doit être au cœur de l'activité agricole afin que l'agriculteur puisse faire face à d'éventuelles situations de sinistre et bénéficier des garanties offertes par les assurances. Il a rappelé que son département a placé parmi ses préoccupations l'amélioration du taux de pénétration des assurances dans le secteur agricole par notamment l'instauration de la culture d'assurance chez les producteurs, afin d'éviter aux agriculteurs de bénéficier rapidement des garanties offertes par ce secteur plutôt que d'attendre une aide de l'Etat.