"La société comprend qu'il faudra choisir entre le clientélisme et la réhabilitation du travail, entre l'arbitraire et l'Etat de droit démocratique", écrit le MDS. Comme nombre d'autres partis, le mouvement démocratique et social (MDS) ne cache pas son scepticisme quant à la capacité du Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, à parvenir à séparer l'argent de la politique, comme il l'avait proclamé devant les députés à l'occasion de la présentation de son plan d'action. Pour cause : la persistance de certaines contradictions dans la démarche. "La société perçoit des possibilités de correction des orientations du pouvoir mais relève aussi des contradictions. Le Premier ministre parle de séparation de la politique et de l'argent, sans remettre en cause l'amnistie fiscale et sans se donner tous les moyens de récupérer l'argent détourné. Il prend des mesures pour une gestion plus transparente du foncier agricole et industriel et limite les importations pour promouvoir la production nationale", relève le MDS dans un communiqué rendu public au lendemain de la tenue de son conseil national à Alger. "Il reste, cependant, enfermé dans le compromis avec les forces de la corruption en réaffirmant que son plan d'action est issu du programme présidentiel qui avait servi leur promotion", ajoute le texte. "C'est en s'appuyant sur ces contradictions et insuffisances que ces forces s'efforceront de paralyser toute démarche visant à extirper l'Algérie du despotisme néolibéral adossé à la rente", estime encore le parti du défunt Hachemi Chérif. Evoquant l'appel au dialogue lancé par Abdelmadjid Tebboune, le MDS, s'il salue le principe, n'en relève pas moins quelques doutes, d'où à ses yeux, la nécessité pour le pays de trancher définitivement le choix du projet de société pour résoudre la crise. "L'opinion apprécie les premiers actes et la proposition de dialogue formulée par Tebboune. Si elle rejette aussi bien le soutien aveugle que le nihilisme d'une classe politique persistant dans son dédain de participer aux tâches pour relever le pays, la société reste livrée aux doutes. S'agit-il d'une nouvelle manœuvre ? Est-ce une mise en scène en attendant une remontée des cours du baril qui délivrerait le pouvoir des véritables exigences ? Veut-on procéder à un aménagement dans la distribution des privilèges ? Une lutte des clans prépare-t-elle la présidentielle de 2019 ?", s'interroge le MDS. "La société comprend qu'on ne peut pas résoudre la crise en éludant la contradiction entre deux projets de société. Et qu'il faudra choisir entre le clientélisme et la réhabilitation du travail, entre l'arbitraire et l'Etat de droit démocratique", selon lui. Convaincu que la garantie du succès de l'entreprise passe par la mobilisation de la société, le MDS qui, visiblement, opère un changement tactique se dit disposé à apporter son concours pour peu que des signes positifs se confirment, mais sans pour autant abandonner son choix stratégique qui est celui de la rupture. "Une des garanties du succès c'est une ample mobilisation de la société. Le dialogue proposé par Tebboune saura-t-il prendre en charge cette exigence ? Où ne sera-t-il qu'une caution à une formalisation du national-libéralisme à l'algérienne, une trêve avec les forces de l'argent après les avoir amenées à résipiscence ?", se demande-t-il encore. "Si une évolution positive se confirmait, tout en continuant à développer avec vigueur une lutte pour une rupture globale et radicale, le MDS prendra en charge tout ce qui peut faire avancer la démocratie et le développement durable, même à partir d'objectifs partiels, sectoriels ou intermédiaires établis dans le cadre d'un dialogue sérieux et sincère", assure le texte. Tout en s'engageant à poursuivre la lutte pour la construction d'un grand mouvement de gauche moderne, le MDS soutient que seule la société est à même d'opérer la rupture recherchée. "Notre mouvement appelle la société à jouer son rôle historique car la rupture ne viendra ni du pouvoir ni des appareils qu'elle a condamnés (...)", conclut le texte. Karim K.