Les sanctions pourraient coûter à Pyongyang un milliard de dollars de revenus annuels tout en restreignant des échanges économiques cruciaux avec la Chine, son principal allié et partenaire économique. La Corée du Nord a assuré hier avec colère que le durcissement sensible des sanctions de l'ONU ne l'empêcherait pas de développer son arsenal nucléaire, prévenant qu'elle ne négocierait pas sous la menace des Etats-Unis. Ce message de défi est sa première réaction d'importance à la résolution adoptée à l'unanimité au cours du week-end par le Conseil de sécurité de l'ONU sous l'impulsion de Washington. Les sanctions constituent "une violation violente de notre souveraineté", a déclaré Pyongyang dans un communiqué publié par l'agence officielle KCNA. "Nous ne mettrons pas notre programme de dissuasion nucléaire sur la table de négociations tant que le Nord est menacé par Washington". Pyongyang "ne reculera pas d'un seul pas s'agissant du renforcement de sa puissance nucléaire", a affirmé le communiqué. Pyongyang a menacé les Etats-Unis de "leur faire payer le prix de leur crime (...) un millier de fois". Cette déclaration est publiée alors que le chef de la diplomatie nord-coréenne Ri Yong-Ho est à Manille à l'occasion d'un forum régional sur la sécurité qui réunit les représentants des Etats-Unis, de la Chine, de la Russie et d'autres pays de l'Asie-Pacifique. Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a exclu un retour rapide au dialogue avec le Nord, estimant que la nouvelle volée de sanctions démontrait que la planète avait perdu patience face à ses ambitions nucléaires. Le chef de la diplomatie américaine a souligné que Washington n'envisagerait de pourparlers que si Pyongyang suspendait son programme balistique. "Le meilleur signal que pourrait envoyer la Corée du Nord pour signifier qu'elle est prête à parler serait d'arrêter ces tirs de missiles", a-t-il lancé. Il a laissé toutefois entrevoir la perspective que des émissaires américains puissent un jour s'asseoir à la même table que les responsables du pays reclus pour éviter l'escalade mais le ministre s'est refusé à dire quand un tel dialogue pourrait se tenir ou combien de temps devrait durer la pause. "Je ne vais pas donner à quelqu'un un nombre spécifique de jours ou de semaines. C'est plutôt une question d'état d'esprit", a-t-il dit. La nouvelle résolution répond au premier tir nord-coréen d'un missile balistique intercontinental le 4 juillet, suivi le 28 juillet du tir d'un engin similaire, mettant une bonne partie du continent américain à portée de tir. Les déclarations de M. Tillerson surviennent au lendemain d'une rencontre rarissime des chefs de la diplomatie des deux Corées. Le ministre nord-coréen a serré la main de son homologue sud-coréenne Kang Kyung-Wha, qui l'a pressé d'accepter l'offre de dialogue de Séoul. Mais M. Ri a balayé cette proposition, selon l'agence sud-coréenne Yonhap, jugeant que Séoul "manquait de sincérité". Le président américain Donald Trump et son homologue sud-coréen Moon Jae-In ont estimé, dimanche, lors d'un entretien téléphonique que "la Corée du Nord représente une menace directe sérieuse et grandissante pour les Etats-Unis, la Corée du Sud, le Japon ainsi que pour la plupart des pays du monde", selon un communiqué de la Maison-Blanche. M. Tillerson, qui a rencontré en tête-à-tête ses homologues chinois et russe, Wang Yi et Sergueï Lavrov, a également cherché à mettre en exergue le front uni de la communauté internationale.