La nouvelle ministre sud-coréenne des Affaires étrangères s'est déclarée hier prête à des discussions avec son homologue nord-coréen en marge d'un forum de l'Asean à Manille qui devrait condamner Pyongyang pour ses programmes nucléaire et balistique. Kyung-Wha à son arrivée à Manille, selon l'agence sud-coréenne Yonhap. Le chef de la diplomatie nord-coréenne, Ri Hong-Yo, est attendu au forum annuel de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est, qui doit réunir à partir d'aujourd'hui les ministres des Affaires étrangères de 26 pays, dont les Etats-Unis, la Russie et la Chine, ainsi que de l'Union européenne sur les questions de sécurité en Asie-Pacifique. Mme Kang a estimé que toute rencontre avec son homologue nord-coréen constituerait une opportunité de «faire entendre au Nord notre désir de le voir arrêter ses provocations et répondre de manière positive à nos récentes offres» de dialogue. Elle se référait à une offre de dialogue formulée en juillet, pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir à Séoul en mai du président Moon Jae-In, perçu comme plus ouvert à la négociation que son prédécesseur. Le forum se tient alors que le Conseil de sécurité des Nations unies devait voter hier sur un projet américain de nouvelles sanctions contre Pyongyang. Dans un communiqué publié à l'issue de la réunion des ministres des Affaires étrangères de ses pays membres, l'Asean a estimé que les tests de missiles de la Corée du Nord «menacent sérieusement» la paix mondiale. L'Asean n'a cependant pas adopté de mesures pour isoler Pyongyang, alors que Washington cherchait à obtenir une nouvelle volée de sanctions de l'ONU contre la Corée du Nord, selon un des hauts collaborateurs du secrétaire d'Etat Rex Tillerson. M. Tillerson devrait par ailleurs s'entretenir à Manille avec son homologue russe Sergueï Lavrov, leur première rencontre depuis que Washington a pris contre la Russie des sanctions qui ont provoqué la fureur de Moscou. Le Vietnam avait appelé les autres pays d'Asie du Sud-Est à durcir le ton face à l'expansionnisme chinois en mer de Chine méridionale, avant l'ouverture du forum, et a combattu vendredi soir, lors d'une rencontre informelle des chefs de la diplomatie de l'Asean, les efforts des Philippines pour ménager Pékin sur cette question, a-t-on appris de sources diplomatiques. «Les discussions ont été vraiment difficiles», a déclaré un des diplomates impliqués. «Le Vietnam est seul à vouloir un langage plus dur sur la mer de Chine méridionale. Le Cambodge et les Philippines ne sont pas désireux d'y faire écho». Selon ces diplomates, le Vietnam ne devrait pas avoir gain de cause. Depuis l'arrivée au pouvoir de Rodrigo Duterte, Manille cherche à réchauffer les relations avec la Chine pour attirer des milliards de dollars d'aide et d'investissements. Lors de son sommet fin avril à Manille, l'Asean avait évité de critiquer Pékin et de mentionner le jugement de juillet 2016 de la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye estimant illégales les prétentions de Pékin sur cette mer. La Chine mène une politique très agressive avec d'importants travaux de construction et de remblaiement sur des récifs dans cette mer qu'elle considère en quasi totalité comme son territoire national alors que quatre membres de l'Asean (Brunei, Malaisie, Philippines et Vietnam) ont aussi des revendications, tout comme Taiwan.