Les autorités ont interdit à la famille d'Imad Al Attabi de voir une dernière fois le corps du défunt. Le Conseil national des droits de l'homme a été prévenu de l'interdiction. Le Rif marocain a été dans la nuit de mardi à hier le théâtre de nouvelles manifestations qui ont été sévèrement réprimées par les forces de sécurité, suite au décès du jeune militant du Hirak, Imad Al Attabi, après 19 jours de coma à l'hôpital militaire de Rabat. Le défunt, âgé seulement de 25 ans, avait été blessé lors de la manifestation du mouvement du 20 juillet dernier. Grièvement atteint à la tête par une bombe lacrymogène, de fabrication française, Imad Al Attabi a été transféré à l'hôpital militaire de Rabat contre le gré de sa famille, visiblement pour éviter que la situation ne s'enflamme davantage dans le Rif. Mais sa mort va encore écorner l'image du roi Mohammed VI qui s'est tu depuis le début de la contestation dans le Rif, il y a dix mois. Son inaction a provoqué beaucoup d'indignation au sein de la population rifaine mais aussi à travers tout le pays, où des manifestations de soutien au Hirak ont eu lieu pour dénoncer les pratiques du Makhzen et le silence du Palais royal. Continuant dans sa politique répressive et de mépris, Rabat est allé jusqu'à empêcher la famille de Imad de voir son visage, selon le Hirak. "Les autorités interdisent à la famille d'Imad Attabi de voir une dernière fois le corps du défunt. Le CNDH a été prévenu de l'interdiction", a affirmé dans un tweet, Omar Radi, un journaliste marocain indépendant. Les autorités marocaines tentent par ailleurs de fuir leur responsabilité dans le mort du jeune militant rifain, cherchant à faire accuser les manifestants en affirmant que Imad aurait été touché par le jet d'une pierre contre la police. Mardi soir, le comité local du Hirak dans la ville de Tamsint a appelé à une grève générale, en signe de deuil mais aussi de colère contre le Makhzen, lit-on dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. Le comité de soutien européen au Hirak, dont le leader Nasser Zefzafi est toujours en prison, a exprimé son indignation dans un communiqué rendu public dans la nuit de mardi à hier, suite à la mort de Imad Al Attabi. Le comité européen du Hirak veut prendre aussi la communauté internationale à témoin dans ces douloureux évènements qui, pour le moment, ne semblent émouvoir que les ONG de défense des droits de l'homme et quelques journalistes. "Nous imputons l'entière responsabilité au régime marocain et à ses organes de répression qui ont aggravé la situation dans le Rif avec leur approche sécuritaire et répressive face aux demandes sociales de la population", lit-on dans ce communiqué dans lequel le comité en question appelle à des rassemblements dans les capitales européennes et les institutions de l'Union européenne et de défense des droits de l'homme de l'ONU. R. I./Agences