L'Algérie a obtenu récemment l'accord de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), pour la mise en place de 3 fermes d'engraissement du thon sur le territoire national. Dans une déclaration à l'APS, le directeur général de la pêche, Hamouche Taha, a annoncé que le secteur de la pêche a entamé officiellement les études de faisabilité en vue de lancer cette activité, dont le début officiel des préparatifs de lancement se fera durant la campagne de la pêche du thon rouge, à l'horizon 2018. Pour rappel, la demande de création des fermes pilotes d'engraissement du thon en Algérie a été adressée par le ministère à la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta), lors de la réunion du 14 novembre 2016. "Après avoir constaté l'émergence d'un grand marché international en la matière, nous avons décidé de nous lancer dans ce domaine ce qui nous permettra de relever la valeur ajoutée du produit, après engraissement", précise Hamouche Taha. La vente de thon après son engraissement multiplie sa valeur marchande par dix à l'exportation par rapport à son prix initial (avant engraissement). Généralement, l'élevage de ce poisson pour son engraissement dure entre 6 et 12 mois au bout desquels son poids passe de 10-12 kg à plus de 90 kg. Par ailleurs, l'Algérie, qui pêche son quota annuel de thon, se doit d'exploiter davantage cette ressource, d'autant que la vente de son thon à d'autres pays à des prix dérisoires fait perdre d'importantes ressources financières à l'Algérie. Il était donc impératif d'ouvrir ce créneau, notamment après la récupération de la quote-part algérienne de pêche du thonidé qui atteindra 543 tonnes en 2017. L'Algérie œuvre depuis la mise en place du plan d'action d'orientation pour le développement de la pêche et de l'aquaculture, approuvé par le gouvernement en 2007, à la mise en place d'un cadre juridique adéquat pour la création de 3 fermes d'engraissement du thon sur la côte est, centre et ouest du pays. Toutefois, l'opération a été reportée pour manque d'informations sur son impact sur l'environnement. En Méditerranée, il existe douze fermes d'engraissement du thon rouge qui produisent 11 000 tonnes de poissons. La plupart de ces fermes se trouvent en Espagne, en Italie, à Malte, en Croatie et en Turquie ainsi qu'en Tunisie qui dispose de deux fermes. L'Algérie qui ne dispose pas de fermes en activité a donc droit à sa part dans le créneau d'engraissement du thon, d'autant que la réglementation a été améliorée en se conformant aux règlements de la Cicta. À ce titre, la direction de la pêche œuvre actuellement à encourager les investisseurs à s'engager dans cette activité, indique le même responsable qui affirme que le secteur avait commencé à contacter les investisseurs dont les dossiers sont inscrits au niveau de la direction. D'ailleurs, deux investisseurs privés qui, outre l'expérience, remplissent les conditions matérielles et financières ont obtenu l'accord de principe pour la réalisation du projet. Les régions susceptibles d'accueillir ces fermes sont celles de la côte est du pays qui connaît une forte concentration des thonidés lors de la période ouverte à la pêche par la Cicta (26 mai-24 juin), mais aussi pour leur proximité de la zone située entre la Sicile, la Tunisie et la Libye et qui regorge de cette variété de poisson. Quant à l'industrie de transformation de cette ressource, le directeur général de la pêche a expliqué que "le secteur est ouvert à tous les opérateurs économiques désirant se lancer dans ce domaine". Saïd Smati/APS