Selon ce chef de service hématologie et transfusion sanguine au CHU de Beni Messous, le traitement "symptomatique des cancéreux dont fait partie la transfusion sanguine est tout aussi important que les autres armes thérapeutiques". L'absence ou l'insuffisance de la transfusion sanguine a un impact sur l'évolution de la maladie au point d'engager parfois le pronostic vital. Sans la disponibilité de plaquettes de sang, le malade ne pourra pas recevoir sa chimiothérapie. Liberté : Actuellement, les cancéreux manquent sévèrement de plaquettes de sang dont la conservation ne doit pas dépasser quelques jours. À quoi est due cette pénurie ? Le Pr Salim Nekkal : Les plaquettes sanguines sont obtenues aux centres de transfusion sanguine soit par séparation de sang total (80%) soit par aphérèse (20%) et leur conservation est de 5 jours. La demande en plaquettes est en constante croissance par les grands centres de traitement en oncohématologie adulte et pédiatrique du fait de l'utilisation de protocoles de chimiothérapie aplasiant. Cette problématique a déjà fait l'objet d'un état des lieux, d'identification des contraintes et de propositions pour une meilleure gestion à l'échelle nationale lors d'un congrès d'hématologie en 2010 consacré à la transfusion de plaquettes. Il ne s'agit pas de pénurie mais plutôt d'indisponibilité récurrentes de plaquettes cela est dû : - à la séparation insuffisante dans les CTS, entre 40 et 60 % des poches sont séparées ; - à la cytaphérèse peu répandue, malgré une disponibilité des machines de cytaphérèse ; - au peu de donneurs volontaires pour la cytaphérèse ; - à la demande concentrée dans les grands centres ; - à l'implication timide des organisations de donneurs de sang ; - aux insuffisantes actions par l'Agence nationale du sang. Ce problème concerne-t-il seulement le centre Pierre et Marie-Curie ou touche-t-il toutes les structures hospitalières ? Toutes les structures qui utilisent les plaquettes sont concernées, le besoin est continu. Tous les jours, parfois plusieurs fois par jour chez certains malades (hémopathies malignes), en général, la demande émane des services d'oncohématologie mais aussi de la maternité, de la réanimation, de la chirurgie, des urgences médicochirurgicales.
Quelle incidence a ce manque de sang sur le traitement et les chances de guérison des cancéreux ? Vous voulez dire manque de plaquettes car pour les globules rouges la situation est maîtrisée dans la majorité des cas. Le traitement symptomatique des cancéreux dont fait partie la transfusion sanguine est tout aussi important que les autres armes thérapeutiques. Son absence ou insuffisance va effectivement avoir un impact sur l'évolution de la maladie, un malade qui aura par exemple un manque de plaquettes, ne pourra pas recevoir sa chimiothérapie et ce report va grever son pronostic à long terme. Ce sont des situations que gèrent les collègues quotidiennement bien que prévisibles. Qu'est-ce qui est entrepris pour remédier à cette situation ? L'identification des contraintes à l'échelle nationale et les propositions suivantes ont été faites : - identifier les besoins en produits sanguins labiles par les CTS et services demandeurs de façon permanente ; - améliorer la disponibilité des plaquettes en temps et en nombre par une séparation maximale des poches de sang total au niveau de tous les CTS ; - doter tous les CTS impliqués en appareils de cytaphérèse ; - promouvoir le don de plaquettes par aphérèse ; - fidéliser les donneurs de plaquettes en les privilégiant ; - impliquer la Fédération des donneurs de sang, les associations et les pouvoirs publics (publicité) ; - rôle plus important de l'Agence nationale du sang dans la collaboration de tous les CTS par wilaya. Plusieurs de ces propositions ont déjà été prises en charge mais d'autres améliorations sont nécessaires qui passent par l'implication de toute la société..