En attendant l'acquisition d'appareils, les malades nécessitant la transfusion de plaquettes sanguines implorent Dieu pour qu'il n'y ait pas de manque. “Aidez-nous en sensibilisant les gens à faire don de leur sang.” L'homme qui parle à sa mère hospitalisée au chu de Tizi Ouzou depuis le 5 octobre dernier. Atteinte d'aplasie médullaire (anémie grave), la patiente souffre d'un manque de plaquettes. Quand ce déficit est sévère, le malade peut présenter un risque hémorragique important qui peut être prévenu par la transfusion de plaquettes sanguines. Le succès de ce traitement qu'il faut répéter parfois quotidiennement ne nécessite pas moins de huit donneurs par jour. Donner une fois, c'est déjà beaucoup mais cela ne suffit pas. Le sang ne peut être conservé longtemps. Idem pour les plaquettes qui ne peuvent être gardées que pendant cinq jours. Il est donc capital de rallier de nouveaux volontaires à la fois réguliers et plus nombreux. C'est ce que ne cesse de plaider l'association des donneurs de sang bénévoles de la wilaya de Tizi Ouzou. “Le don ne doit pas être circonstanciel”, pense son président, M. Oumoukhtar. Et d'ajouter : “Il faut un centre de transfusion sanguine régional. Tous les malades des wilayas limitrophes sont acheminés au CHU de Tizi Ouzou.” Interrogé sur la pénurie de sang dans les hôpitaux, il dira sans ambages : “Les bénévoles existent, c'est la volonté qui manque.” “Des pochettes de sang périssent dans les différents services dans des frigos de cuisine non adéquats.” Aussi, il déplore la non-disponibilité d'un cyno mobile pour les collectes de sang. “Nous dépendons de celui de l'agence d'Alger, mais même celui-là il n'est pas tout le temps disponible. Nous faisons des tournées dans les communes ; nous préparons les donneurs pour les prélèvements. À la dernière minute, on nous annonce que le camion est tombé en panne. Une fois c'est le pneu, une autre fois c'est le frigo qui ne fonctionne pas. Allez travailler dans ces conditions !” Selon M. Oulmokhtar, l'idéal est de doter la wilaya de Tizi Ouzou d'un véritable centre de transfusion sanguine répondant aux normes mondiales en la matière où il sera possible d'effectuer les différentes séparations des composants du sang. Il suggère également une cartographie des donneurs de sang qui permettra d'avoir des bénévoles avec de moindres risques de contamination. “La transfusion sanguine est un problème de santé publique. Tout le monde doit s'y impliquer. Il faut en faire une culture.” Au CTS de Tizi Ouzou, on se veut rassurant : “Dire qu'il y a pénurie de sang, ce serait mentir”, indiquera tout de go un médecin du service. Selon lui, le problème résiderait plutôt dans la “transformation” de ce liquide vital, notamment les plaquettes prélevées à raison de 8 unités pour un adulte. “Actuellement, nous travaillons avec des contreparties (échanges). Nous le demandons pour les familles de ceux qui viennent de se faire opérer une fois par hasard et dans le service d'hémodialyse (où il est difficile de répondre à la demande en unités plaquettaires), mais jamais pour les malades chroniques. Sincèrement, on est frustrés de demander aux parents d'un malade de ramener du sang (chercher des donneurs).” Et d'ajouter : “Nous produisons huit fois plus de plaquettes que les années précédentes. Pour le sang, nous arrivons à répondre à la demande le plus normalement du monde. Certes, il y a des ruptures en été (manque de donneurs) mais nous ne tombons jamais en panne.” Près de 1 000 donneurs de sang transitent annuellement par ce service. Le don du sang est essentiel. C'est un geste vital. Les accidentés de la route, les patients souffrants de maladies graves (leucémie, cancer... ), les hémophiles, les nourrissons qui naissent avec un sang incompatible sont directement concernés par ce geste humanitaire. Leur vie en dépend. Dans les pays développés, la thérapeutique transfusionnelle a prodigieusement évolué. Les dernières techniques permettent aujourd'hui de prélever à un donneur uniquement des plaquettes tout en lui restituant en même temps ses autres composants sanguins. Le don de plaquettes est effectué à l'aide d'appareils automatiques de technicité qui garantissant confort et sécurité absolue. Grâce à ce système appelé médicalement “aphérèse et cytaphérèse”, un seul donneur suffit pour le prélèvement des plaquettes au profit d'un malade. L'appareil, qui coûte entre 600 et 700 millions de centimes, a été introduit dans le cahier des charges du CTS de Tizi Ouzou. En attendant son acquisition, les malades nécessitant la transfusion de plaquettes sanguines implorent Dieu pour qu'il n'y ait pas manque. A. T.