La transfusion sanguine est une activité médicale qui est à prendre au sérieux. Au centre de transfusion sanguine du CHU de Beni Messous, l'un des plus importants au niveau national, cet acte médical prend tout son sens. Des équipes sont mobilisées pour mener à bien ces opérations, dont celle du professeur d'hématologie Salim Nekkal. Ce spécialiste évoque l'ensemble des activités, des compétences et des techniques médicales et biologiques qui permettent une transfusion sanguine optimale. Au sens large, la transfusion sanguine comprend le don de sang, la transformation de celui-ci, sa conservation et sa réinjection. Le don de sang, qui se fait de plus en plus rare, permet de sauver de nombreuses vies. La sécurité transfusionnelle est une préoccupation permanente. Le matériel employé pour prélever le sang est à usage unique. Une simple transfusion sanguine en effet s'avère vitale pour les malades atteints de leucémie, d'hémophilie, de graves brûlures, en cas d'hémorragie lors d'un accident ou d'une opération. Il faut savoir que le don de sang existe sous plusieurs formes. La forme la plus courante est le don de sang total. Toutefois, «si la disponibilité des globules rouges semble plus ou moins maîtrisée, celle des plaquettes demeure, en revanche, encore une des préoccupations capitales, non seulement des services utilisateurs mais aussi celle des centres de transfusion sanguine», souligne le professeur Salim Nekkal. L'enquête multicentrique non exhaustive qu'il a lui-même réalisée dans plus de 30 centres de transfusion sanguine (CTS) au niveau national et qu'il dévoilera au mois de mai prochain lors du congrès d'hématologie à Oran le confirme d'ailleurs. Les plaquettes sont un des composants du sang, elles permettent la coagulation de celui-ci afin de prévenir ou de stopper une hémorragie. Des transfusions de plaquettes sont nécessaires et vitales lors de maladies comme la leucémie ou de traitements lourds comme la chimiothérapie et la radiothérapie… un souci constant pour les malades et les services utilisateurs que le professeur Nekkal met en avant. «Beaucoup de malades décèdent faute de plaquettes», regrette-t-il. La durée de vie des plaquettes n'est que de 5 jours d'où la nécessité d'avoir de nombreux donneurs. De même, des plaquettes non conservées à température ambiante et sous agitation permanente ne sont plus fonctionnelles. «Grâce à l'appareil de la cytaphérèse, il est possible de prélever uniquement des plaquettes d'un donneur tout en restituant les autres composants du sang», souligne notre interlocuteur. Le centre de Beni Messous dispose de ce type d'appareil mais ce n'est pas le cas de tous les autres CTS du pays. La production de plaquettes demeure insuffisante, ce qui porte préjudice à de nombreux malades, dont le besoin en plaquettes est plus que jamais primordial. Selon notre interlocuteur, «la demande est en cesse croissante en matière de plaquettes». Il explique qu'«au CTS de Beni Messsous, sur une moyenne de 14 000 dons récoltés par an, une production de 7 000 plaquettes est obtenue». Et d'ajouter que la problématique de la transfusion plaquettaire est récurrente, précisant qu'à Beni Messous «seule une demande sur trois est honorée» et ce, en dépit de tous les efforts réalisés jusque-là. Le problème demeure donc entier, ce qui suscite «l'inquiétude en permanence à disposer de plaquettes en qualité, en quantité et surtout en temps voulu», indique-t-il. Notre spécialiste met en exergue l'utilité de la technique de la cytaphérèse. Ainsi, dit-il «un seul don de plaquettes prélevées par cytaphérèse remplace environ 10 dons de sang total». Il souligne toutefois que cette forme de don dure plus longtemps qu'un prélèvement de sang total (près de 2 heures). Notre spécialiste en hématologie affirme par ailleurs qu'«en dépit des insuffisances, la situation s'est améliorée ces dernières années», expliquant que «la séparation des plaquettes de plus en plus généralisée dans les dans les CTS [centrifugeuse pour poche à sang disponible] ainsi que l'utilisation de la cytaphérèse sont deux éléments positifs». Le professeur Nekkal plaide enfin «pour une meilleure coordination et collaboration entre tous les CTS afin, dit-il, de répondre de façon efficiente à la demande en produits sanguins labiles de façon générale et plus particulièrement en plaquettes». Il insiste également longuement sur «la généralisation des techniques de cytaphérèse en vue de séparer de façon systématique les plaquettes et d'augmenter la production plaquettaire afin de sauver des vies en danger». A. B. Ce qu'il faut savoir A partir du sang donné, différents produits sanguins sont obtenus dont les principaux : - Le concentré globulaire provient d'un don de sang total ; il est obtenu par simple centrifugation. Il ne contient que des globules rouges. Il est utilisé pour le traitement des anémies dues à une hémorragie (chirurgie, traumatisme) ou à une insuffisance médullaire (aplasie, thalassémie, insuffisance rénale, leucémie, etc.). Il se conserve à 4°C jusqu'à 42 jours.- Les plaquettes proviennent soit d'un don de sang total (plaquettes dites «standards»), soit d'un don par plasmaphérèse ou par cytaphérèse. Elles sont utilisées chez les patients qui en manquent, le plus souvent par insuffisance médullaire, plus rarement à la suite d'hémorragies très abondantes. Elles se conservent à environ 20°C pendant une période maximale de 5 jours.- Le plasma provient soit d'un don total, soit d'une plasmaphérèse. Le plasma frais congelé n'est plus utilisé qu'à titre exceptionnel, en raison des risques de transmission virale. Le plasma actuellement utilisé, dit plasma conservé, est soumis à des traitements permettant de rendre ce risque quasi nul, mais qui détruisent les facteurs de la coagulation. Il est utilisé pour pallier le déficit liquidien résultant d'une hémorragie importante. Du plasma frais peut néanmoins être conservé par congélation, sa sérologie étant vérifiée plusieurs mois après le prélèvement afin d'écarter tout risque de transmission virale, et ainsi être utilisé dans le traitement des troubles de la coagulation ; ce produit est appelé plasma congelé sécurisé.- Le matériel utilisé (aiguille, tubes, poches) est stérile et à usage unique. - Pour pouvoir donner, il faut peser au minimum 50 kg.- Les personnes ayant déjà subi une transfusion sanguine, une greffe d'organe, ne peuvent donner de leur sang, dans un souci de protection du malade mais aussi du donneur.- Si vous êtes enceinte, vous n'êtes pas en mesure de donner tout de suite votre sang et ce, jusqu'à six mois après l'accouchement, pour éviter tout risque d'anémie.- L'aspirine ou les anti-inflammatoires nécessitent un délai d'une semaine pour un don de plaquettes et de plasma, car ils agissent sur la coagulation du sang.- En cas de maladies virales (grippe, gastro-entérite, etc.), il faut attendre deux semaines après la fin des symptômes pour pouvoir donner de son sang. De même, en cas de prise de médicaments (antibiotiques, corticoïdes en comprimés…), il faut respecter un délai de quatorze jours après la fin du traitement.Source : Revue scientifique