Faisant fi de toutes les sanctions et critiques depuis qu'elle a lancé son programme nucléaire, la Corée du Nord a poussé la provocation plus loin hier en annonçant la réussite d'un essai d'une bombe à hydrogène. Le sixième essai nucléaire réalisé hier par Pyongyang a mis la communauté internationale à ébullition. De Washington à Pékin, en passant par Moscou, Tokyo et Paris, les condamnations se sont multipliées pour dénoncer le plus puissant essai nucléaire nord-coréen à ce jour. Il s'agit d'une bombe à hydrogène, que d'aucuns considèrent comme un nouveau défi pour Donald Trump, qui semble en faire une affaire personnelle, et toute la communauté internationale. Les agences géologiques de nombreux pays ont d'abord détecté une secousse sismique d'une magnitude de 6,3 près du principal site nord-coréen d'essais nucléaires, à Punggye-Ri dans le nord-est. Quelques minutes plus tard, Tokyo a indiqué qu'il s'agissait d'un essai nucléaire. Ce fut ensuite le tour de Pyongyang de confirmer, quelques heures plus tard, par la voix une présentatrice de la Télévision publique nord-coréenne que "le test de la bombe à hydrogène" a été "une réussite parfaite". Sur un ton jubilatoire, la téléspeakerine a ajouté que la bombe "d'une puissance sans précédent", marque "une occasion très importante, le fait d'atteindre le but final qui est de parachever la force nucléaire de l'Etat". La même Télévision d'Etat a diffusé une image de l'ordre manuscrit de Kim Jong-Un demandant que l'essai soit conduit ce 3 septembre à midi. Pékin, Moscou, Tokyo, Séoul et Paris n'ont pas tardé à condamner cette nouvelle violation des multiples résolutions de l'ONU exigeant la fin des programmes nucléaire et balistique nord-coréens. La Russie a ajouté un appel au calme. Le président sud-coréen Moon Jae-In a demandé contre Pyongyang la "punition la plus forte" y compris des sanctions de l'ONU. Hier, la secousse sismique générée par l'explosion a été ressentie dans des régions du nord-est de la Chine, frontalières de la Corée du Nord, selon des médias officiels chinois et des internautes locaux qui faisaient part de leurs inquiétudes. "En effectuant ce test, Pyongyang sème le désastre, c'est une marche pas à pas vers la guerre ou la destruction", dénonçait un internaute en Chine. L'agence de presse officielle nord-coréenne KCNA a expliqué, avant l'annonce du nouvel essai, que Kim Jong-Un avait inspecté une bombe H miniaturisée pouvant être montée sur un missile à l'occasion d'une visite à l'Institut des armes nucléaires du régime nord-coréen. L'engin est "une bombe thermonucléaire d'une très grande puissance fabriquée par nos efforts et notre technologie", a ajouté la même source. Le numéro un nord-coréen a souligné que "tous les composants de cette bombe H ont été fabriqués à 100% nationalement", selon l'agence KCNA. Des photographies montrent M. Kim vêtu de noir en train d'examiner un engin métallique présenté par la même agence comme étant une bombe H. Selon des spécialistes sud-coréens, la puissance de la nouvelle secousse était cinq à six fois supérieure à celle du précédent essai de septembre 2016, lorsque la Corée du Nord avait alors fait exploser une bombe de 10 kilotonnes. Quelle que soit la puissance de la déflagration, Jeffrey Lewis, du site armscontrolwonk.com, a estimé qu'il s'agissait d'une arme thermonucléaire, ce qui constitue un progrès notoire dans les programmes nucléaire et balistique nord-coréens pourtant interdits par la communauté internationale. Un séisme d'une magnitude 4,6 a également secoué la Corée du Nord moins de dix minutes après la première secousse, a indiqué le Centre chinois de surveillance sismologique. Il a avancé l'hypothèse d'un "affaissement", ce qui suggère que la déflagration pourrait avoir entraîné un effondrement de la roche située au-dessus du lieu de l'explosion. La Corée du Nord n'a jamais caché que ses programmes interdits avaient pour but de mettre au point des missiles balistiques intercontinentaux susceptibles de porter le feu nucléaire sur le continent américain. Elle se dit acculée à cette stratégie militariste par la menace que constitue pour sa survie l'arsenal américain. Merzak Tigrine