Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a assuré que son pays avait réussi à miniaturiser des têtes nucléaires pouvant être placées sur un missile balistique, créant ainsi une vraie dissuasion nucléaire, a rapporté hier l'agence officielle KCNA. Les têtes nucléaires ont été standardisées pour les missiles balistiques en les miniaturisant, a affirmé le dirigeant nord-coréen lors d'une réunion avec des experts nucléaires, cité par l'agence. Si Pyongyang a déjà affirmé avoir maîtrisé la technologie permettant de concevoir des têtes nucléaires miniaturisées, c'est la première fois que Kim Jong-un revendique de façon aussi explicite cette percée qui pourrait changer la donne concernant les capacités nucléaires de son pays. On peut appeler cela une vraie dissuasion nucléaire, a déclaré le dirigeant nord-coréen, ajoutant qu'il s'agissait d'engins thermonucléaires, en écho aux revendications de Pyongyang d'avoir testé avec succès en janvier une bombe à hydrogène, une annonce que de nombreux experts internationaux avaient accueillie avec scepticisme. Ce quatrième essai nucléaire et un tir de fusée le mois dernier, effectués tous deux en violation de résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, ont accru les tensions dans la péninsule coréenne. En réponse, le Conseil de sécurité a décidé à l'unanimité d'imposer une nouvelle série de lourdes sanctions à la Corée du Nord la semaine dernière. Signe des crispations, le puissant Commandement suprême de l'Armée populaire coréenne a menacé lundi d'une attaque nucléaire préventive la Corée du Sud et les Etats-Unis qui conduisent actuellement les plus importantes manœuvres conjointes jamais organisées sur la péninsule. La Corée du Nord n'hésitera jamais à procéder à une frappe nucléaire préventive si sa souveraineté d'Etat nucléarisé était menacée par les Etats-Unis et leurs alliés, a abondé Kim Jong-un, selon KCNA. Plus notre force de frappe nucléaire augmente, plus notre capacité à dissuader une agression et une guerre nucléaire est puissante, a-t-il poursuivi. Si Pyongyang dispose vraisemblablement d'un petit arsenal de têtes nucléaires, les spécialistes sont divisés quant à sa capacité à les monter sur des missiles. Les tirs de fusée ont pu permettre au programme de missiles balistiques nord-coréen de progresser, estiment les experts. Mais la plupart d'entre eux pensent que Pyongyang ne maîtrise pas la technologie de rentrée dans l'atmosphère, après la phase de vol balistique, qui serait nécessaire pour toucher un territoire aussi lointain que les Etats-Unis. Il est de plus incertain qu'un éventuel engin miniaturisé conçu par la Corée du Nord puisse être suffisamment résistant pour supporter les chocs, les vibrations et les variations de températures associés à un vol balistique. Washington a toutefois affirmé lundi prendre au sérieux les menaces de frappes nucléaires de Pyongyang. La Corée du Nord a revendiqué en janvier avoir testé avec succès sa première bombe à hydrogène ou bombe H, une annonce mise en doute par nombre d'experts internationaux en raison notamment de l'ampleur de la déflagration enregistrée, bien moins forte que celle qui aurait accompagné une bombe thermonucléaire. Disposer d'une bombe H opérationnelle, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire, serait un énorme pas en avant pour Pyongyang.