Les attaques virulentes proférées par Ouyahia contre l'opposition ne sont pas tombées dans l'oreille d'un sourd. En effet, les représentants des partis de l'opposition, notamment ceux qui étaient directement ciblés (RCD et MSP) n'ont pas trop attendu pour lui donner la réplique. Pour les députés du RCD et du MSP rencontrés à l'APN, "l'axe du mal est d'abord M. Ouyahia et le système qui l'a fabriqué, il y a une vingtaine d'années". "En tant que député du RCD, vous me trouverez à chaque fois que vous descendrez à l'Assemblée pour vous rappeler toutes vos turpitudes, vous, qui, par opportunisme et sans état d'âme, menez pendant des années des politiques sans vision, ni stratégie." Telle a été la réplique de l'élu du RCD, Atmane Mazouz, qui dit assumer pleinement son intervention hostile au pouvoir et donne rendez-vous pour avant la fin de l'année à l'occasion de la présentation de la LF 2018. Le député du RCD ne semble pas être surpris, outre mesure, par les propos d'Ouyahia qui, croit-il savoir, avait besoin de "rassurer le clan dominant de votre entière soumission pour avoir osé une telle charge contre l'opposition". M. Mazouz rappelle à Ouyahia qu'il s'adressait à "des militants qui ont l'habitude d'affronter votre pouvoir pourri et que les délires qui nous viennent d'un homme qui a ruiné le pays par l'institutionnalisation de la fraude et la précipitation de la nation vers des dérives pendant quatre mandats à la tête de gouvernements ne feront que renforcer notre conviction à lutter pour la rupture". Même son de cloche chez Nasser Hamdadouche, chef du groupe parlementaire du MSP qui, lui, dénie à Ouyahia le droit de "délivrer à l'opposition des certificats de bonne conduite". "Ouyahia n'est pas qualifié pour nous délivrer des certificats de bonne conduite", a asséné le député du MSP, non sans l'accuser de sourd, muet et aveugle "qui ne voit donc rien et ne veut entendre personne". Il aurait souhaité voir Ouyahia "se comporter comme un Premier ministre de tous les Algériens, et non pas comme un politique nihiliste qui se referme sur lui-même et rate l'occasion, donc, d'aller vers le dialogue". Par ailleurs, M. Hamdadouche "dénonce et s'indigne avec force" de l'évocation par Ouyahia de Cheikh Mahfoud Nahnah qui, dit-il, "est plus grand que lui". Il rappelle que le même Ouyahia avait participé au gouvernement qui avait "commis des crimes" contre Nahnah lors de l'élection présidentielle de 1995 et la fraude des élections de 1997, confirmée par une commission parlementaire. Cela, ajoute-t-il, avant de l'empêcher de se porter candidat à la présidentielle de 1999. M. Hamdadouche donne aussi rendez-vous à Ouyahia sur le terrain du "militantisme pacifique". F. A.