L'Algérie risque de perdre les gisements de Hassi-Messaoud et de Rhourde El-Baguel. Des sources concordantes indiquent que la production du pétrole et du gaz est actuellement en déclin. En effet, la production de pétrole est passée de 1,180 million de barils fin 2016 à moins de 1,086 million de barils, en decà donc du quota actuel attribué à l'Algérie. Pour le gaz, le déficit est de 50 000 mètres cubes/jour (environ 9 milliards de mètres cubes/an). Une information reconnue par Sonatrach. Cette baisse de production est due à l'essoufflement des vieux gisements et les retards dans la mise en service des nouveaux gisements du Sud-Ouest et du Sud-Est. Pour parer à cette grave situation, le P-DG de Sonatrach ne cesse de multiplier les annonces : "Nous allons, pour pallier cette baisse, augmenter les exportations de gaz. Comment ? en récupérant les gaz associés qui étaient réinjectés dans le gisement." Un palliatif dangereux pour des ingénieurs chargés de l'exploitation et du développement des gisements de pétrole et de gaz. Ces professionnels avertissent : "Nous allons, certes, augmenter à court terme les exportations de gaz mais nous allons ‘estinquer' les gisements de Hassi-Messaoud et de Rhourde El-Baguel. Le gaz associé est réinjecté pour maintenir la pression et donc pour maintenir la production. Si les réinjections de gaz sont réduites à des fins d'exportation, on risque à moyen terme de faire baisser la production, voire perdre ces gisements." Comment en est-on arrivé là ? Il faut savoir qu'une dizaine de nouveaux gisements d'hydrocarbures doivent prendre le relais (baisse de production) des gisements en déclin comme Hassi-Berkine, Ouhoud, Hassi-R'mel, Alrar. Ces nouveaux gisements pour le gaz sont situés au Sud-Ouest. Il s'agit de Touat, de Timimoun, d'Ahnet... Cette nouvelle province gazière doit, à moyen terme, produire 20 milliards de mètres cubes/an de gaz. Mais les retards dans la mise en service de ces gisements font qu'aujourd'hui on ne peut compter que sur un ou deux gisements d'ici à la fin de l'année. Le reste doit être livré entre 2018 et 2021. Du coup, c'est la panique au niveau du top management de Sonatrach. Cette situation a amené son P-DG à la recherche de palliatifs qui sont dangereux pour l'Algérie. Il avait déclaré depuis Hassi-Messaoud et Rhourde El-Baguel que Sonatrach allait récupérer ces gaz associés qui étaient auparavant réinjectés pour maintenir la pression de ces champs de pétrole. Pourquoi tout ce retard ? "Il faut savoir qu'à la faveur de successifs changements de P-DG, plusieurs plannings dans la réalisation des travaux de développement de ces gisements sont révisés. À chaque fois, les délais ne sont pas respectés. À cela s'ajoutent les longs délais pour approuver un plan de développement pour sélectionner les entreprises chargées du feed (études de détail) et celles qui doivent ensuite réaliser les travaux de développement." Tout cela fait qu'on met beaucoup de temps pour développer un gisement en Algérie. "Approuver un plan de développement d'un gisement demande 1 mois en Norvège, un à deux ans en Algérie", relève un ancien responsable à Sonatrach. Mais au lieu de dire la vérité, le P-DG de Sonatrach est en train de gérer de façon dangereuse au nom d'une impérative augmentation des exportations de gaz pour augmenter les réserves en devises du pays quitte à provoquer une catastrophe dans deux, trois, voire cinq ans. Le champ de Hassi-Messaoud en l'occurrence avait déjà besoin de plus de gaz de réinjection pour que se maintienne sa production. On veut l'en priver. Alors qu'il est, actuellement, le plus important gisement de production de pétrole du pays et qu'il peut encore produire à ce rythme, entre 500 000 barils/jour et 600 000 b/j, la motié de la production actuelle de l'Algérie, pour encore 40 ans. K. Remouche