Le président de la Fédération algérienne de football, Kheireddine Zetchi, a reconnu hier sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale que ce n'est pas lui qui a élaboré le contrat du sélectionneur Lucas Alcaraz. "C'est un contrat-type de la FAF, exactement comme celui de ses prédécesseurs. C'est exactement le même type de contrat qu'avaient Christian Gourcuff et Georges Leekens. Nous n'avons fait que changer le nom, en plus d'y apporter quelques menus détails", a affirmé Kheireddine Zetchi, révélant au grand jour un stupéfiant copier-coller, forcément incompatible avec les exigences du haut niveau et les principes du "changement radical" qu'il avait promis lors de son intronisation à la tête de la FAF par le ministre de la Jeunesse et des Sports. Trouvant tout à fait normal de "copier" un engagement alors que la logique aurait, à tout le moins, voulu qu'il y garde ces fameux objectifs intermédiaires (comme le CHAN et la Coupe du monde 2018) qui auraient rendu les éventuelles mais désormais inévitables négociations plus abordables et assurément à la portée de sa fédération, Zetchi a estimé, par contre, "anormal qu'un contrat confidentiel se retrouve au niveau des rédactions de journaux". "Pour le contrat d'Alcaraz, nous avons fait du copier-coller" "Il y a eu une fuite au niveau de la FAF. Nous n'avons, certes, rien à cacher, mais nous porterons l'affaire devant la juridiction pour connaître la source de la fuite", dira, sur un ton solennel, un Kheireddine Zetchi qui a confirmé, donc, la véracité des révélations publiées par Liberté dans son édition de mardi, non sans reconnaître qu'à la FAF, l'entente n'est pas aussi parfaite qu'il veuille le faire croire, aussi bien au niveau de l'administration qu'au niveau du bureau fédéral, puisque "un tel document confidentiel a été exfiltré". On est loin donc de l'ambiance saine et cordiale puisque c'est bel et bien l'un de ses proches collaborateurs qui a balancé une telle info, quitte à le dénuder en public, confirmant d'une bien triste manière qu'au-delà des jolis sourires de façade, dans les coulisses de la FAF, on se déchire à belles dents. Dans son argumentaire radiophonique d'un niveau étonnamment affligeant, le président de la fédération est, en parallèle, allé jusqu'à cautionner qu'un technicien d'un aussi petit calibre d'Alcaraz puisse bénéficier d'une aussi monstrueuse indemnité de départ que les 20 milliards de centimes mentionnés noir sur blanc dans son contrat. "J'aimerais bien trouver un sélectionneur qui parte sans indemnités ! Cela n'existe nulle part de par le monde !", se justifie-t-il d'une bien simpliste manière, omettant, cependant, le fait de rappeler que s'il avait eu l'ingéniosité de bien formuler la mouture finale du contrat du même Alcaraz, la FAF n'aurait pas à s'en acquitter. Défonçant une porte ouverte en indiquant qu'il existe, de par le monde, "trois types de fin de mission, à savoir une démission, un limogeage ou une séparation à l'amiable'', Kheireddine Zetchi osera même l'incomparable en mettant Carlo Ancelotti sur le même pied d'égalité que "son" Alcaraz, feignant même d'ignorer que la trésorerie de la FAF ne tient aucunement la comparaison avec les moyens colossaux du Bayern Munich ! "Il n'y a aucune relation conflictuelle avec Kerbadj" Le successeur de Mohamed Raouraoua s'est, dans un autre registre, mis en porte-à-faux avec les principes mêmes de la FIFA en se déclarant "enchanté par l'intérêt du MJS" dans tout ce qui touche aux affaires footballistiques nationales. Or ce n'est pas d'un simple intérêt d'Ould Ali qu'il s'agit là, mais bel et bien d'une immixtion grandeur nature, puisque le ministre de la Jeunesse et des Sports avait clamé haut et fort son refus de voir Slimani, Bentaleb et Mahrez être sanctionnés et écartés de l'EN, indiquant même que celui qui a fait cela s'était lourdement trompé ! En un mot comme en plusieurs, le MJS a déjugé Zetchi et Alcaraz, s'immisçant dangereusement dans l'élaboration de la liste des 23 concernés par le match face au Cameroun. Maladroit, Zetchi ne s'est, par la suite, pas caché pour démentir catégoriquement le même MJS qui s'était exprimé en des termes clairs à propos de la guerre larvée que se livrent FAF et LFP, en soulignant hier qu'il n'y a "aucune relation conflictuelle'' avec le président de la ligue professionnelle. Or le patron de la FAF ne s'est pas gêné pour réaffirmer son refus de voir la LFP programmer une journée de Ligue 1 dans le même cadre temporel quotidien que le match des Verts au Cameroun. "Ce n'est pas normal qu'on fasse jouer le championnat lors d'une date FIFA", a martelé Zetchi qui n'explique, toutefois, pas que "sa" loi concernant cette synchronisation des journées de Ligue 1 avec les sorties de l'EN n'a pas été mentionnée dans les dispositions générales qui régissent la saison footballistique ! Un autre oubli. Ou peut-être un autre alibi, pour confirmer que le costume de président de la FAF ne lui sied pas aussi bien que veulent le lui faire croire certains. Rachid BELARBI