Le nouveau rapport de Human Rights Watch vient confirmer les accusations de l'ONU et d'autres organismes humanitaires contre Rangoon. Le Conseil de sécurité prendra-t-il des sanctions contre la Birmanie ? Exécutions sommaires de dizaines de musulmans Rohingyas, agressions sexuelles collectives et des villages entiers détruits. C'est ce dont des soldats de l'armée birmanie sont, de nouveau, accusés par un rapport documenté de l'ONG Human Rights Watch, rendu public hier sur son site. "L'armée birmane a exécuté sommairement plusieurs dizaines de musulmans Rohingya dans le village de Maung Nu, dans l'Etat de Rakhine en Birmanie, le 27 août 2017", a dénoncé HRW, citant des témoins qui a affirmé que "les soldats birmans avaient battu, agressé sexuellement, poignardé et abattu des villageois qui s'étaient rassemblés pour la sécurité dans un complexe résidentiel, deux jours après que les militants Rohingyas aient attaqué un avant-poste de sécurité et une base militaire de sécurité locale". D'après des témoignages de survivants, aujourd'hui réfugiés dans le Bangladesh voisins, où près d'un demi-million de Rohingyas (sur un million) ont fui, "plusieurs soldats birmans sont entrés dans le complexe tandis que d'autres l'ont entouré. Ils ont emmené plusieurs dizaines d'hommes et de garçons Rohingyas dans la cour, puis les ont frappés ou poignardés à mort. D'autres ont été tués alors qu'ils essayaient de fuir. Les soldats ont ensuite chargé les corps - certains témoins ont dit une centaine ou plus - dans des camions militaires et les ont emmenés". S'il était difficile, voire impossible, de vérifier le nombre de victimes, les images satellitaires diffusées par l'ONG suffisent pour illustrer l'ampleur de ce qui peut être qualifié de génocide. "L'imagerie satellitaire analysée par Human Rights Watch montre la destruction presque totale des villages de Maung Nu (connu localement comme Monu Para) et à proximité de Hpaung Taw Pyin (connu localement sous le nom de Pondu Para). Les signatures des dégâts sont compatibles avec le feu", a jouté l'ONG, soulignant que tout plaide pour accuser Rangoon de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. "Toutes les horreurs des crimes contre l'humanité contre les Rohingyas de l'armée birmane sont évidentes dans les massacres dans le village Maung Nu", a déclaré Phil Robertson, directeur adjoint de la section Asie de HRW. "Ces atrocités exigent plus que les mots des gouvernements concernés. Ils ont besoin de réponses concrètes avec des conséquences sur les auteurs de ce crime", a-t-il ajouté, lit-on encore sur le site de l'organisation non gouvernementale. Human Rights Watch a reçu également des rapports crédibles selon lesquels "des soldats ont soumis des femmes à des attouchements, à un contact corporel non consensuel et à des agressions sexuelles dans le complexe de Maung Nu". Pour rappel, HRW a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni le 28 septembre dernier, pour examiner la situation en Birmanie, à voter des sanctions contre les dirigeants de ce pays et à imposer un embargo sur les armes au régime militaire birman, à façade civile. HRW a demandé aussi une enquête indépendante sur les crimes commis depuis fin août dans ce pays contre la minorité musulmanes des Rohingyas. "La mission d'enquête de l'ONU doit enquêter sur ces atrocités, y compris les commandants qui ont ordonné l'attaque ou n'ont pas réussi à punir les personnes impliquées", a exigé cette ONG qui n'en est pas à son premier cri d'alarme sur ce qui se passe en Birmanie. Lyès Menacer