La demande de liberté provisoire pour raison de santé introduite par le collectif d'avocats de Mohamed Benchicou au bénéfice de ce dernier a été rejetée hier par la cour d'Alger. C'est donc une déception totale pour tous ceux qui ont placé leur espoir dans cette démarche qui tendait à donner la liberté, fut-elle provisoire, au directeur du quotidien Le Matin, dont la santé ne cesse de se dégrader. Les démarches entreprises par la défense et les plaidoiries présentées hier n'ont pas pu infléchir la position de la justice de maintenir en détention le concerné, même si le représentant du ministère public s'est déclaré favorable à ce que Benchicou puisse bénéficier de soins spécialisés en dehors de la prison. Mohamed Benchicou continuera donc à purger sa peine, malgré son état de santé qui nécessite des soins spécialisés. Les avocats de Benchicou se sont succédé hier devant le juge pour demander la clémence pour leur client, mais cela n'a apparemment pas influé sur l'état d'esprit de l'instance judiciaire qui, après délibération, a rejeté la demande de liberté provisoire introduite. Il faut savoir que la demande de libération a été présentée il y a plusieurs jours par les avocats de Benchicou, qui ont agi suite à une requête du médecin de la prison, lui-même alarmé par l'évolution de l'état de santé du détenu qui souffre d'un début d'arthrose. Ce refus d'accorder la liberté provisoire à Benchicou intervient au lendemain du jugement de deux affaires en diffamation et dans lesquelles le directeur du quotidien suspendu depuis juillet 2004 et quatre de ses journalistes ont été condamnés à des peines de prison ferme par le tribunal de Sidi M'hamed. Dans les deux affaires liées à deux plaintes, l'une du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, et l'autre du milliardaire émirati, Mohamed Ali Al-Shorafa, Mohamed Benchicou cumule deux peines de prison, une de deux mois et une autre de trois mois. Deux autres journalistes du quotidien, Abla Chérif et Hassane Zerrouky, ont été condamnés à deux mois de prison ferme chacun, en plus d'une amende de 50 000 DA et l'obligation de publier le jugement dans deux quotidiens nationaux, l'un arabophone et l'autre francophone. La défense ne manquera certainement pas de faire appel pour les deux affaires, espérant par là une clémence pour le directeur du journal Le Matin, qui aura d'ici quelques semaines purgé la moitié de sa peine, ouvrant donc par là droit à la liberté provisoire et à une réduction de la peine. Enfin, la défense a décidé d'introduire, dans un mois, une nouvelle demande de liberté provisoire. H. S.