À quelques jours de l'examen, le 20 avril prochain, par le juge de la demande de mise en liberté pour raison de santé du directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou, le Collectif pour la liberté de la presse en Algérie (CLPA) a appelé dans un communiqué à “la libération immédiate et sans conditions” du concerné, incarcéré depuis une dizaine de mois à la prison d'El-Harrach. La demande de libération a été présentée par ses avocats qui ont, d'après le communiqué, agi “suite à une requête du médecin de la prison, lui-même alarmé par l'évolution de l'état de santé du détenu d'opinion”. Souffrant d'un début d'arthrose au moment de son procès, Mohamed Benchicou a dû renoncer aux soins spécialisés qu'il recevait dans un hôpital d'Alger, ce qui a eu pour effet d'aggraver sa maladie, note le CLPA qui précise qu'“en dépit des demandes répétées, et sans aucune explication, l'autorisation d'accéder au traitement neuro-chirurgical exigé par sa maladie lui a été refusée, sachant que cette autorisation est régulièrement accordée aux autres détenus”. Le CLPA, qui se réfère au dossier médical établi par le médecin de la prison et transmis aux autorités judiciaires, affirme que le diagnostic serait des plus pessimistes : non seulement M. Benchicou risque une hémiplégie du bras droit, mais il est également à craindre que faute de prise en charge spécialisée urgente, la lésion gagne les autres membres et provoque des dégâts irréversibles sur sa mobilité et sur ses fonctions respiratoires. Le parquet, selon toujours le CLPA, aurait désigné un spécialiste chargé de l'examiner en prison, mais, à ce jour, il ne s'est pas encore présenté. Le CLPA constate qu'“après sa condamnation arbitraire et son incarcération abusive, l'inflexibilité et la discrimination dont il (Benchicou, ndlr) est victime en matière de prise en charge médicale, constituent une nouvelle violation de ses droits humains et une autre forme de déni de justice”. Pour le collectif, la décision du juge à l'audience du 20 avril constituera un nouveau test pour la justice algérienne pour son fonctionnement et son indépendance. Pour sa part, l'un des membres du collectif d'avocats de M. Benchicou, en l'occurrence Me Bourayou, s'est déclaré hier très optimiste quant à la suite que la justice va donner à la demande de mise en liberté introduite. H. S.