Une importante délégation du ministère du Tourisme, conduite par le ministre en personne, Mohamed Seghir Kara, et à laquelle ont été associés des médias nationaux et étrangers, s'est rendue dans la wilaya de Béchar, du 19 au 22 avril, à l'occasion des fêtes du Mawlid Ennabaoui. Au programme de cette sortie “de découverte”, figure la visite des villes de Beni Abbès et de Taghit et tout ce qu'elles renferment comme potentiels pouvant contribuer à la relance du secteur du tourisme, “générateur de richesses et créateur d'emplois”. M. Kara a révélé que plus de 200 fêtes nationales et locales recensées feront l'objet prochainement d'un décret ministériel, et dont l'objectif est “le développement du secteur du tourisme”. À propos des fêtes du Mouloud, il a rappelé que les manifestations sont “un moyen pour faire connaître nos traditions”, mais aussi “les possibilités touristiques” ou les circuits touristiques qui doivent être réhabilités sinon créés. Le ministre a annoncé que l'année 2006 accueillera des charters, lesquels accompagneront des touristes étrangers au Sud algérien. Concernant la région de Kenadsa, qui a vu naître deux grands écrivains, Malika Mokaddem et Yasmina Khadra, Mohamed Seghir Kara a relevé qu'elle est attachée aux valeurs islamiques et respecte les patrimoines juif et chrétien existants. Selon le ministre du Tourisme, il existe un créneau fort prometteur qu'il s'agira d'encourager, celui de la revalorisation du “tourisme religieux” et le tourisme en direction des pieds-noirs. Il n'y a rien à dire : la wilaya de Béchar, qui compte un fort taux de chômage touchant même des diplômés universitaires, un taux estimé à 25%, selon les autorités locales, recèle de nombreux atouts en matière de tourisme qui sont, hélas, inexploités pour la plupart. Sur près de 120 ksour, dont 3 sont classés patrimoine national (Kenadsa, Beni Abbès et Taghit), 9 seulement ont été restaurés. On parle d'une enveloppe financière qui sera bientôt affectée à la wilaya pour la poursuite de la restauration et la réhabilitation. Beaucoup de travail reste à faire pour valoriser, non seulement les ksour, mais également les oasis, les 21 stations de gravures rupestres et les sites fossiles, l'ermitage du père de Foucault et toutes les richesses sur le folklore (chants et chorégraphies). La station de recherche de Beni Abbès, créée dans les années 1940 et actuellement placée sous la tutelle de l'Université des sciences et de la technologie (Usthb) de Bab Ezzouar, offre une image d'abandon. En guise de zoo, il ne reste qu'une tortue géante, un canard, deux tortues normales et quelques varans. Le reste des animaux sont morts… de faim ! L'infrastructure hôtelière, qui repose essentiellement sur le secteur public, est victime d'un laisser-aller visible à l'œil nu. Malgré la chaleur qui caractérise les régions du Sud, l'hôtel Antar de Béchar et l'hôtel Rym de Beni Abbès possèdent des chambres où la climatisation est défaillante et où il n'y a ni téléviseur ni réfrigérateur. Quatre Suissesses descendues à l'hôtel Rym ont déploré “la mauvaise qualité” des prestations. Inconsciemment, elles ont mis le doigt sur un problème de fond, à savoir l'inexistence d'une véritable institution touristique à Béchar. Dans la soirée du jeudi 21 avril, le ministre du Tourisme a clairement déclaré que son département a besoin de journalistes “critiques et qui se sentent responsables” par l'état du secteur. M. Kara a estimé que les professionnels de l'information pourraient contribuer à aider ce secteur à se préparer à faire sa mue, afin de “relever les défis de la mondialisation”. Cela, d'autant que l'Algérie, du nord au sud, possède de grandes potentialités la prédestinant à faire partie des grandes destinations touristiques internationales. H. A.