Pour sa troisième édition, le jeune Urban Festival de Genève qui se tient du 21 au 23 avril s'offre le chanteur algérien Rachid Taha comme tête d'affiche de sa très éclectique programmation. Durant plus de deux heures, les Genevois ont eu droit à un voyage musical avec un artiste sans frontières et complètement disjoncté. Ces jours-ci, Rachid Taha est visible partout en Suisse, à la télé, dans les colonnes de journaux et dans les stations radio. Il est venu conquérir la Suisse, ouvrir Urban Festival et promouvoir son dernier album,Tékitoi ?, sorti en 2004. Même si dans ses tête-à-tête avec les journalistes, Rachid Taha joue le jeu, se montre sérieux et appliqué. Sur scène par contre, il donne libre cours à son imaginaire errant, à ses fantaisies volantes et à ses délires galopants. Il improvise des chansons sur Genève : “Pendant que certains viennent déposer de l'argent, moi, ce soir, je dépose mon cœur”, lance-t-il au public qui réplique en chœur. Il ne se prive pas non plus de la provocation en chantant des refrains sur le sexe ou en blaguant sur Jean-Paul II pour lequel il demande “2 minutes de silence”. Même si la première est passée, la deuxième a fait grincer les dents de certains habitants de la cité de Calvin. “Je ne suis pas méchant, j'ai juste envie de m'amuser”, nous dit-il. Mais il n'y pas que cela. Rachid cherche à plaire avec son pantalon cuir noir, sa veste brillante, sa barbe assez affirmée, ses cheveux longs, ses gestes, ses apparences et ses chorégraphies qui, parfois, rappellent un certain Gainsbourg. Rachid Taha veut se donner un style sur scène. Même si cela ne plaît toujours pas, en dépit de son côté bad boy, Rachid Taha reste toujours, parmi ces artistes, adulé, adoré et aimé. Il est l'un des plus prolifiques artistes qui gratifie régulièrement son public d'albums ancrés dans l'actualité et ouverts au monde. “Je suis quelqu'un de très laborieux. Je travaille beaucoup”, nous affirma-t-il à la fin de son concert. Cette affirmation se vérifie sur scène : il sait aussi devenir sérieux. Il fouille dans son répertoire qui l'avait propulsé sur la scène musicale internationale. Alors il trouve, entre autres, inévitablement Douce France et Ya Rayah qui ont fait vibrer les hanches, chatouillé les esprits et rappelé que derrière ces airs de bad boy, parfois léger sur scène, se cachent un artiste qui a été à l'avant-garde de tous les combats : immigration, racisme, violence, intolérance… C'est d'ailleurs à cela qu'il doit son succès : depuis Carte de Séjour jusqu'à Tekitoi?, plus de 15 ans d'expérience, de travail, de scène, de tournées et d'escales dans toutes les capitales du monde. Cependant, Oran et Alger l'attendent toujours. T. H.