Ceux qui ont pu rejoindre Béjaïa ne l'ont fait que grâce à leur connaissance de la région, en empruntant des voies secondaires... Gagner le chef-lieu de wilaya de Béjaïa, hier, relevait indéniablement du domaine de l'exploit pour les automobilistes. En effet, à travers plusieurs localités de la région, les axes routiers — nationaux surtout — menant vers le chef-lieu de wilaya ont été coupés à la circulation automobile par diverses barricades dressées sur ces voies de desserte par des manifestants en furie. La fermeture des routes à la circulation automobile, hier, décidée lors du conclave extraordinaire de Semaoun à Béjaïa, se veut une action de protestation publique contre le pouvoir pour “exiger la libération immédiate et inconditionnelle des détenus du mouvement” et “la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur”. Une action réussie pour la CICB, il faut le dire, comme en témoigne l'adhésion de la population en procédant à la fermeture des routes. Dès la tombée de la nuit de la veille de l'action, des jeunes manifestants noctambules se sont mis à bloquer la route nationale n°12 à Adekar, au lieudit Lambert avec des pneus enflammés, des troncs d'arbres, des pierres et autres objets, à la circulation automobile. La route nationale n°26 longeant toute la vallée de La Soummam, a été aussi coupée à la circulation aussi bien à Ilmaten qu'à Takrietz et à Allaghane. Les transporteurs de voyageurs assurant la desserte de Béjaïa vers Alger ont cru malin de dévier cette route en empruntant la RN n°12 via Adekar et Tizi Ouzou. Mais ils ont fini par rebrousser chemin au niveau d'Adekar où la route a été fermée à la circulation la veille. Dans la localité d'El-Kseur, les manifestants ont procédé au blocage des routes en début d'après-midi d'hier. Toutes les artères de la ville ont été fermées à la circulation ainsi que la RN12 au niveau du pont à l'entrée de la ville alors que le même axe routier était déjà bloqué au niveau des sens uniques de Tamda et bien avant ces lieux. L'intervention des éléments des CNS avec leur chasse-neige dans les diverses localités afin de déblayer le chemin aux automobilistes n'a suscité que des scènes d'affrontements entre les deux protagonistes. Ceux qui ont pu avec toutes les peines du monde rejoindre Béjaïa, notamment les transporteurs de voyageurs, ne l'ont fait que grâce à leur connaissance de la région en se frayant d'abord le chemin devant les barricades puis en empruntant des voies sinueuses et secondaires et ce, à leur risque et péril. À chacun son détour dans ce cas. Il est à préciser que la ville de Béjaïa a été tout de même isolée du reste du pays dès le début de l'après-midi d'hier. Aucune voie n'était “autorisée” à la circulation. L. O.