Annoncé à plusieurs reprises comme étant en cours d'élaboration, le projet de loi sur la publicité est encore une fois renvoyé aux calendes grecques. C'est ce qu'a affirmé, hier, le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, lors de sa visite dans la wilaya de Tizi Ouzou où il a procédé à la mise en service de la maison de la presse locale. "Il est vrai que le projet de loi sur la publicité a été, à maintes reprises, au menu des précédents gouvernements, mais au sein du gouvernement actuel, il n y a pas de loi sur la publicité à l'ordre du jour", a déclaré le ministre de la Communication avant de revenir sur ce qu'il considère comme les priorités de son secteur. À ce titre, Djamel Kaouane a insisté, notamment, sur l'installation prochaine de l'autorité de régulation de la presse écrite pour asseoir, dit-il, "les indispensables éthique et déontologie". "Cette autorité va hériter des pouvoirs régaliens de l'autorité publique", a tenu à préciser le ministre sans, toutefois, fixer l'échéance de sa mise en place. En attendant sa concrétisation, a annoncé le ministre, il sera procédé à la réactivation de l'autorité provisoire chargée de l'établissement des cartes professionnelles provisoires, afin de permettre à leurs détenteurs de participer à l'élection des représentants de la presse au sein de l'autorité de régulation. En évoquant le sujet de la carte professionnelle, Djamel Kaouane a profité pour revenir sur l'audit qu'il avait annoncé, à son arrivée à la tête du département de la Communication, pour débusquer les indus détenteurs de cette carte. "Certains ont avancé que cette action était dirigée contre mon prédécesseur, mais cela est totalement faux. Il n'a jamais été question d'une enquête comme certains le prétendaient également. Il était question, dans certains cas, de vérifier le respect des conditions de délivrance de cette carte, mais il n'y avait pas lieu de crier au scandale", a-t-il démenti, tout en admettant qu'il y a eu quelques dépassements. Dans le chapitre des démentis, le ministre est également revenu sur la situation financière de l'Anep dont certaines informations l'avaient donnée récemment comme au bord de la faillite. "Ce sont de fausses informations. Malgré la crise économique et financière qui ont fait baisser ses recette de 60%, l'Anep est en bonne santé financière", a-t-il affirmé à ce sujet. Abordant la crise financière qui frappe de plein fouet le secteur de la presse, le ministre a soutenu que "la presse doit chercher de nouvelles alternatives" car, a-t-il estimé, "le format actuel est inopérant". "Ça ne fait pas plaisir de voir des journaux disparaître, mais il y a une réalité qui s'impose : un journal est à la fois un projet éditorial et un projet économique, il arrive même à de grands journaux, mondialement connus, de disparaître", a-t-il expliqué, non sans préciser que le paysage médiatique algérien demeure un des plus riches au monde et que même si une soixantaine de titres ont disparu depuis 2014, une trentaine d'autres ont vu le jour. Interrogé sur l'activation du fonds d'aide à la presse, Djamel Kaouane a expliqué que des équipes travaillent sur ce dossier et que les mécanismes de son fonctionnement seront définis ultérieurement mais, prévient-il, "l'aide de ce fonds ne sera pas sous forme d'argent à encaisser". "Ce seront des mesures fiscales et parafiscales qui aideront la presse à surmonter le choc économique et financier auquel elles sont confrontées et auquel elles seront encore confrontées davantage à l'avenir", a-t-il expliqué. "Nous voulons être dans une relation apaisée avec la presse, et en faire un partenaire privilégié, mais elle doit assumer sa raison d'être", a-t-il conclu. Il est à noter que lors de sa visite, le ministre de la Communication s'est rendu au domicile du journaliste de l'ENTV, Smaïl Yefsah, où il s'est entretenu avec les membres de sa famille. Samir LESLOUS