Le volume de la publicité publique a baissé de 65 % en 2015 et 2016 a révélé, ce jeudi, le ministre de la Communication en réponse à une question d'un député, dans le cadre d'une séance plénière de l'APN, concernant les critères de distribution de la publicité publique par l'Agence nationale d'édition et de publicité (Anep). Hamid Grine explique ce recul par les effets de la crise économique mondiale même s'il ne va pas au plus profond des explications. En effet, la chute drastique des prix du pétrole a plombé les marchés nationaux et presque tous les avis d'appel d'offres, représentant quasiment les 3⁄4 des placards publicitaires publiés sur les journaux, sinon plus, ont disparu. Les projets locaux ou d'envergure nationale ont simplement été remisés dans les tiroirs, austérité budgétaire oblige. Dans un entretien accordé à Horizon en mai dernier, Djamel Kaouane, le PDG de l'Anep déclarait que la situation économique du pays impactait négativement le marché publicitaire. «C'est une relation de cause à effet», dira-t-il précisant qu'«il y a un rétrécissement très sensible du marché publicitaire public en raison de cette crise qui dure depuis un peu plus de deux années». Ceci expliquant cela. Fidèle à sa ligne de conduite, Grine rappelle que la presse privée bénéficie de 90 % de la publicité distribuée par l'Anep, tandis que la part de la presse publique est de moins de 10% sans pour autant donner des précisions sur la nature de ces journaux dont la plupart est réputée proche du pouvoir et dont le tirage est symbolique et ne vivant exclusivement que de la pub distribuée par l'Agence. L'Anep, quant à elle, ne gère pas plus de 20% du marché publicitaire national. En ces temps de crise, et avec la réduction de la manne publicitaire étatique, plusieurs titres de la presse régionale ont fermé, licenciant leur personnel souvent dans l'anonymat le plus total. La faute, selon les éditeurs, est directement liée au manque de pub de l'Anep. Les annonceurs privés ont aussi réduit leur présence dans les journaux, y compris les grands quotidiens. Les deux principaux secteurs qui ont déserté la presse sont l'automobile et la téléphonie mobile. Le premier est frappé d'une crise sans précédent, résultat du blocage des importations par le gouvernement. Le second semble avoir orienté ses dépenses publicitaires vers la télévision, avec le boom des chaînes privées. Djamel Kaouane s'est défendu en affirmant qu'«en ces temps de crise, l'Anep reste le principal allié et acteur économique de la presse écrite algérienne, secteurs public et privé». Il explique que malgré les difficultés économiques, «elle continue de les alimenter». Il soulignera, néanmoins, l'attrait du marché de la pub hors Anep, soulignant que la Régie «ne peut pas, à elle seule, entretenir indéfiniment toute la presse nationale». Si Grine a assuré, derechef, la neutralité de son département affirmant qu'il «n'interviendra pas dans la gestion des entreprises médiatiques», il a réitéré son souci de la protection des journalistes. Il avait déjà appelé les éditeurs de journaux à adopter une charte de solidarité avec les journalistes par la consécration d'une partie des recettes de la publicité de l'Anep à la revalorisation de leurs salaires.