On ignore si cela procède d'une préoccupation réelle, au regard du retard accusé, ou si l'annonce obéit à des schémas politiques dont les contours demeurent flous : le ministre de la Communication, Djamel Kaouane, a réitéré, hier, que le processus de mise en place de l'Autorité de régulation de la presse écrite (Arpe) était en cours, assurant que son département y allait "avec résolution et conviction". "La mise en place de l'Arpe figure dans le plan d'action du gouvernement, elle est aussi contenue dans la loi sur l'information. C'est un engagement du président de la République qu'il a renouvelé dans son message d'hier. Nous y allons, bien évidemment, avec résolution et conviction", a assuré Djamel Kaouane, invité du Forum du quotidien El Moudjahid, journal où il a fait ses classes de journaliste. Assez prudent, certainement instruit des difficultés objectives du terrain, contrairement à son prédécesseur dont le populisme le disputait à la suffisance, qui avait annoncé la mise en place de cette structure "courant 2017", Djamel Kaouane a refusé d'avancer un délai. "Le processus de mise en place, qui est en cours, prendra le temps qu'il faudra", s'est-il contenté d'avancer, selon ses propos repris par l'agence officielle. "Le seuil déterminé de la fin de l'année est assez indicatif", a-t-il relevé. La sortie du ministre de la Communication intervient au lendemain du message du président Bouteflika dans lequel il instruit le gouvernement à "l'effet d'accélérer la mise en place de l'Arpe et son activation aux côtés de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel". "Partant de l'intérêt accordé à la préservation et à la consolidation des acquis de l'Algérie dans le secteur de l'information, je réitère mon appel au gouvernement pour accélérer la mise en place de l'Autorité de régulation de la presse écrite et son activation aux côtés de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel", a affirmé le chef de l'Etat dans on message à l'occasion de la Journée nationale de la presse. À l'évidence, l'engagement du ministre s'inscrit dans la logique de satisfaction d'une disposition (article 40) contenue dans la loi sur l'information adoptée en 2012, laquelle stipule la mise en place de l'Arpe. Mais il risque de se heurter à des contraintes objectives, comme la définition du collège électoral des journalistes, lequel doit élire les sept journalistes, à côté des sept autres membres, dont trois désignés par le président de la République, qui devront composer l'Arpe. Non seulement la corporation est complètement désorganisée, orpheline d'organisations syndicales représentatives, mais elle est également traversée par des clivages politiques et idéologiques qui n'inclinent pas à un consensus. Le collège électoral constitué par les détenteurs de la carte de presse délivrée par la commission provisoire peut-il contourner cet écueil lorsqu'on sait que des journalistes exerçant notamment dans les sites électroniques ne disposent pas encore de cette carte ? Encore faut-il qu'ils se... retrouvent. Conscient de la difficulté, Djamel Kaouane a engagé depuis quelques semaines des consultations avec des "représentants" de la corporation pour mettre en place cette Autorité. "Le ministère sera un accompagnateur, un facilitateur et un médiateur dans ce processus tributaire de la communauté des journalistes. Nous serons à l'écoute de nos partenaires pour assurer les conditions de succès de cette Autorité", a-t-il assuré. Mais, assurément, la mission s'annonce comme un chemin de croix même si, pour les pouvoirs publics, la loi peut "ne pas être un problème", pour reprendre une célèbre expression de l'ancien ministre, Yazid Zerhouni. C'est, en effet, sur la base de cet article 40 que Hamid Grine s'était appuyé pour torpiller... la transaction entre le groupe Cevital et KBC ! Karim Kebir