A l'heure du vote des membres de l'Union européenne sur le renouvellement de la licence du glyphosate pour une durée de dix ans, le débat fait rage. Entre défenseurs et opposants de l'herbicide la question suscite une vive controverse. Pour le Centre international de recherche sur le cancer (agence intergouvernementale créée en 1965 par l'OMS), le désherbant est classé depuis 2015 « cancérogène probable ». « Il y a des preuves limitées de cancérogénicité chez l'homme pour le lymphome non hodgkinien (...), il a également causé des dommages à l'ADN et aux chromosomes dans les cellules humaines », précise l'agence intergouvernementale.
Tandis que pour l'agence européenne des produits chimiques (ECHA), et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) l'herbicide est sans danger. En Algérie la question d'interdiction ou d'autorisation n'a pas eu lieu. D'ailleurs, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdelkader Bouazgui n'a pas abordé le sujet lors de sa dernière intervention. « Nous sommes sur le point d'atteindre l'autosuffisance en produits agricoles concrétisée entre 70 et 75 % et nous allons parvenir à 100 % », a-t-il déclaré le lundi à Mostaganem. C'était lors du coup d'envoi des festivités officielles célébrant la Journée mondiale de l'alimentation et la Journée nationale de vulgarisation agricole abritées par la wilaya. Cependant, l'Algérie n'est pas à l'abri de l'utilisation de ces « dangereux » pesticides, elle les fabrique même. « Nous sommes un pays qui fabrique ces produits, et ils sont largement commercialisés », a affirmé à la #RDL Soumeya Khaled-Khodja, maître de conférences en écologie à l'université de Jijel. L'écologiste Karim Tedjani, fondateur de nouara-algerie.com, un blog dédié à la protection de l'environnement partage le même avis que le maitre de conférences. Il s'est d'ailleurs interrogé sur le sort du pays en dénonçant l'impact écologique désastreux de ces pesticides. « Cette volonté d'interdire ce poison légal qu'est le glysophate, que vaudra-t-elle si, par exemple, notre continent, l'Afrique, ne prenait pas la même mesure ? Un pays comme l'Algérie ne deviendrait-il pas un paradis toxique pour ce genre de produit ? Ne l'est-il pas déjà ? ». Plus loin encore, l'écolo se demande « quelle formation et suivi dans ce domaine existent réellement pour éviter à nos agriculteurs de s'empoisonner en polluant nos assiettes ? Ne vendons nous pas encore dans notre pays, et ce à peine sous le manteau des pesticides périmés ou interdits en Europe ? ». Se voulant plus radical, il propose une solution « verte » pour éradiquer les plantes indésirables autrement qu'avec l'herbicide. « Il existe une autre agriculture, alternative, qui est à l'image du 21ème siècle que nous savons tous fortement imprégné par la question environnementale », a-t-il indiqué à la #RDL. Tout en ajoutant mettant en garde contre la vente des « pesticides périmés ou interdits en Europe ». Au sujet de la commercialisation du glyphosate en Algérie, le journaliste Hocine Boudi, de la télévision Echorouk a fait une enquête sur ses dangers. Il a ainsi interrogé plusieurs distributeurs et importateurs qui lui ont confirmé la disponibilité du produit « Round up » (nom commercial de l'herbicide). Ils ont par ailleurs indiqué que le ministère de l'agriculture avait interdit son importation, néanmoins les anciens il en reste un stock important. Les personnes interrogées ont également assuré que le « Round up » existait sur le marché mais sous d'autres appellations tel que le « Herbasat » qui a les mêmes effets.
Lire également sur "Liberté": "Le glyphosate est largement utilisé dans les cultures maraîchères en Algérie" Imène AMOKRANE @ImeneAmokrane