La prochaine réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, durant laquelle Horst Köhler présentera son rapport après sa tournée dans la région, sera marquée par une intervention des Etats-Unis, dont le Sénat a chargé, lundi, Nikki Haley de veiller à la mise en œuvre de la résolution 2351. L'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental a achevé hier sa tournée dans la région par sa dernière étape à Nouakchott. Reçu à Rabat par Mohammed VI et à Alger par Abdelaziz Bouteflika, et dans les camps de réfugiés sahraouis par Brahim Ghali, avant de rallier la Mauritanie, Horst Köhler présentera dans quelques jours son rapport aux quinze pays membres de l'organe exécutif des Nations unies, lequel devra tracer la feuille de route à suivre pour régler ce différend, vieux de plus de 40 ans. Et c'est d'ailleurs le retard et le blocage de son règlement qui ont attiré l'attention de la chambre basse du Congrès américain. "La commission est préoccupée par le manque de progrès dans le règlement du conflit prolongé sur le statut du Sahara occidental", lit-on dans le texte du budget 2018 du Département d'Etat, approuvé par la commission du Sénat en charge des dotations budgétaires (Appropriations Committee). Cela a amené le Sénat US à demander à l'ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU, Nikki Haley, d'engager le Conseil de sécurité à trouver une solution à ce conflit. "L'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'Organisation des Nations unies doit faire intervenir le Conseil de sécurité sur cette question, en particulier sur la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité 2351 du 28 avril 2017", précise la commission dans le chapitre consacré au financement des opérations du département d'Etat à l'étranger. La disposition souligne que "tout financement qui sera octroyé aux territoires occupés sera géré par la Mission pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) en consultation avec le Sénat", a expliqué le représentant du Front Polisario à Washington, Mouloud Saïd, dans une déclaration à l'agence APS. Il a souligné que "c'est un texte conforme à la légalité internationale", tout en précisant que la commission des appropriations du Sénat a réaffirmé à ce propos que "rien de la présente loi ne pourra être interprété comme un changement de la politique des Etats-Unis" sur la question sahraouie, consistant à trouver "une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable au conflit". Rappelons que la dernière liste des dépendances et territoires à souveraineté spéciale, établie par le département d'Etat, a confirmé une fois de plus que l'administration américaine ne reconnaissait pas la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ayant introduit fin 2016 quelques changements à cette liste, le Département d'Etat US a maintenu sa position sur le territoire sahraoui en affirmant que sa souveraineté "reste à déterminer". Dans les précisions apportées par le bureau du renseignement et de la recherche relevant du département d'Etat, l'administration américaine a confirmé également qu'elle ne reconnaissait "aucune puissance administrante" dans ce territoire. "On ne peut plus clair que sur ce dossier, le Sénat américain a confirmé que les territoires sahraouis occupés sont bel et bien sous la juridiction de l'ONU et non pas celle du Maroc", a souligné le diplomate sahraoui. "La commission sénatoriale a consacré à l'aide accordée au Sahara occidental un chapitre séparé de celui du Maroc, pour confirmer que ce territoire occupé n'est pas marocain", a précisé la même source. Merzak Tigrine