C'est aujourd'hui que le Parlement catalan planchera sur la réponse à donner à Madrid, dont le Sénat réunira demain pour décider de l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole sur la suspension de l'autonomie de la Catalogne. Des tractations étaient en cours mardi en Espagne pour une éventuelle prise de parole devant le Sénat du président catalan, l'indépendantiste Carles Puigdemont, juste avant une prise de contrôle de la Catalogne par Madrid. Le gouvernement espagnol s'apprête à suspendre l'autonomie de la région, alors que les dirigeants catalans menacent toujours de proclamer l'indépendance. Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy compte destituer tout l'exécutif catalan et confier ses compétences aux ministères, prendre le contrôle de la police catalane, mettre sous tutelle le Parlement et les médias publics régionaux, et organiser des élections régionales dans les six mois. Le Sénat, où le parti de M. Rajoy dispose d'une majorité absolue, doit décider demain s'il l'autorise à prendre ces mesures. Avant cela, la chambre haute a toutefois invité Carles Puigdemont à s'exprimer devant elle, aujourd'hui ou demain. Sa prise de parole pourrait prendre la forme d'un débat avec un membre du gouvernement espagnol, en commission ou en séance plénière, a précisé mardi à la presse le vice-président du Sénat, Pedro Sanz. Et ce débat pourrait même avoir lieu avec Mariano Rajoy lui-même, a-t-il laissé entendre. Membre du parti conservateur de M. Rajoy, M. Sanz a présenté cette invitation comme "un geste de générosité" envers M. Puigdemont. Il a aussi souligné qu'en venant, le président catalan se "soumettrait au système en participant au jeu parlementaire". À Barcelone, le porte-parole de M. Puigdemont, Jordi Turull, a assuré de son côté que le président catalan avait bien "la volonté" d'aller devant le Sénat "pour pouvoir expliquer et contester cette action de l'Etat espagnol". "Mais je ne peux pas vous assurer que, matériellement, ce sera possible", a-t-il ajouté. Il s'agirait pour M. Puigdemont de présenter ses arguments contre le déclenchement de l'article 155 de la Constitution qui permet la prise de contrôle de sa région. Son application réveillerait des souvenirs douloureux dans cette région de 7,5 millions d'habitants dont l'autonomie avait été abolie pendant la dictature de Francisco Franco (1939-1975). Le parlement régional catalan doit organiser aujourd'hui à partir de 10h00 un "débat général sur l'application de l'article 155 de la Constitution espagnole en Catalogne, et ses conséquences possibles", a annoncé cette assemblée mardi soir dans un communiqué. Le gouvernement catalan menace toujours de déclarer l'indépendance. Il se fonde sur le référendum d'autodétermination qu'il avait organisé le 1er octobre, malgré son interdiction par la justice, où le "oui" à l'indépendance l'a emporté avec 90% des voix et 43% de participation, selon lui. Mais les plus modérés du camp indépendantiste prônent plutôt des élections régionales anticipées. Un député régional du parti indépendantiste d'extrême gauche CUP, Carles Riera, a confirmé mardi que "deux scénarios" étaient "sur la table" : "l'autodétermination (de la région) ou la convocation d'élections anticipées". Merzak T./Agences