L'Association des psychiatres d'Oran (APO) a organisé, jeudi dernier, sa 6e journée sous le thème "Troubles de l'humeur" dans leurs différentes manifestations, les causes et conséquences sur la vie de l'individu et, par-delà, sur la société. Si le langage populaire parle de bonne ou mauvaise humeur, le psychiatre préférera, lui, spécifier le trouble de l'humeur qui peut, lorsque la personne se trouve dans un épisode émotionnel négatif, se muer en pathologies telles que la dépression ou la maniaco-dépression (bipolarité). Plusieurs spécialistes algériens exerçant dans les hôpitaux nationaux ou étrangers (notamment en France) se sont succédé pour parler de ces troubles de l'humeur qui peuvent avoir de très graves conséquences (suicides, crimes). Le professeur Amine Benyamina, psychiatre et addictologue exerçant à Paris, s'est intéressé aux causes et aux conséquences du trouble bipolaire lorsqu'il est conjugué aux addictions (consommation d'alcool, drogues) ; le Dr Kamel Saïdene d'Alger à la dépression du sujet âgé ; le Dr Naït Chabane de Blida au suicide chez les personnes du troisième âge ; et le Dr Nidal Nabhan Abou du centre hospitalier de Laval aux troubles de l'humeur criminogènes. Soit le sentier, souvent très court, qui peut mener de la dépression au crime. On notera, cependant, que ces interventions sont restées purement théoriques et se sont rarement adossées à des cas cliniques et expériences vécus en Algérie. Et ce, bien que la population locale présente un intérêt certain en raison de son histoire tourmentée et des tragédies qu'elle a traversées. Les chiffres et statistiques utilisés dans les exposés ont été de portée mondiale et ont rarement renvoyé à la situation réelle en Algérie. Tout au long de la journée, d'autres experts se sont penchés sur d'autres aspects de la problématique des troubles de l'humeur, comme les cognitions dépressives détaillées par le professeur Haftari d'Oran, la non-réponse aux psychotropes, développés par P. Martin, psychiatre à Paris, ou encore les comorbidités psychiatriques dans la boulimie nerveuse et l'hyperphagie boulimique. Autant de sujets pointus, davantage adressés aux professionnels de la psychiatrie qu'à la compréhension du grand public. S. Ould Ali