Les importantes rallonges touchent, principalement, les secteurs du BTPH, de l'habitat, de l'intérieur et des collectivités locales ainsi que celui de la santé. L'insuffisante maîtrise des grands projets reste le talon d'Achille de la politique d'investissements publics. Illustration : le projet de budget 2018 révèle que cette grande difficulté à bien manager les grands projets d'équipement, n'est pas surmontée. Au total, plus de 400 milliards de dinars sont réservés aux réévaluations dans le projet de budget 2018, soit environ 4 milliards de dollars. Pour uniquement 4 départements ministériels : Travaux publics et Transports, Habitat, Hydraulique et Santé, ce ne sont pas moins de 300 milliards de dinars qui sont consacrés aux réévaluations de projets ou en termes simples aux rallonges budgétaires. Le bâtiment, les travaux publics et l'hydraulique (BTPH), l'ardoise est d'environ 270 milliards de dinars. La plus grosse facture relève du département des Transports et Travaux publics avec pas moins de 178 milliards de dinars. Parmi les projets concernés et qui reçoivent une rallonge budgétaire pour pouvoir être achevés, figurent la mise en double voie de la ligne de la voie ferrée Thenia-Tizi Ouzou-Oued Aïssi et son électrification jusqu'à Oued Aïssi, un ensemble de pénétrantes : voies rapides reliant les différents ports à l'autoroute Est-Ouest notamment, celle partant des ports de Béjaïa et de Djendjen. La seconde plus importante rallonge concerne le ministère des Ressources en eau avec pas moins de 58 milliards de dinars. Elle touche les projets en particulier du barrage de Souk Tlata dans la wilaya de Tizi Ouzou, du barrage de Mahouane dans la wilaya de Sétif, du barrage de Boukhroufa dans la wilaya d'El-Tarf, de l'alimentation en eau potable des localités côtières de Tizi Ouzou depuis la station de dessalement d'eau de mer de Cap Djinet, de la réalisation des réseaux d'alimentation en eau potable et d'assainissement des nouveaux pôles d'habitation au profit des wilayas de Chlef, de Batna, de Biskra, de Béchar, de Blida, de Tamanrasset, de Jijel, de Saïda, d'Annaba, de Guelma, d'Oran, de Boumerdès, de SouK-Ahras et de Ghardaïa. En troisième lieu, la rallonge, l'une des plus importantes, concerne le département de l'Habitat avec une enveloppe de 43 milliards de dinars. Ce qui paraît étonnant dans cette lecture des budgets des différents ministères c'est que les réévaluations dépassent le montant des investissements dans les projets neufs dans quelques secteurs importants. Tel est le cas du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique où les rallonges atteignent le montant de 18,8 milliards de dinars et le programme neuf ne dépasse pas 4,5 milliards de dinars. Cette situation, maintes fois pointée du doigt, synonyme de surcoûts et donc de gaspillage de l'argent, est due, rappelons-le, aux dépassements importants dans la réalisation des grands projets, au mauvais choix des entreprises. Elle est aussi liée tantôt à la mauvaise qualité des études, tantôt au phénomène de surfacturation. K. Remouche