"Sans un taux d'intégration suffisant, l'industrie automobile, dont l'activité mécanique représente 80%, est vouée à péricliter", a affirmé Adel Bensaci. Le président du Cluster mécanique de précision (CMP), Adel Bensaci, a plaidé, hier, lors de son passage au magazine "L'Invité de la rédaction" de la radio Chaîne III, pour la défiscalisation partielle des opérateurs économiques qui voudraient investir dans la sous-traitance pour accompagner l'activité du montage automobile en Algérie et permettre aux fabricants de la pièce de rechange de se lancer pour réduire la facture des importations. Affirmant que le secteur de la mécanique recèle un fort potentiel, M. Bensaci a estimé qu'"il y a péril en la demeure et que seules la défiscalisation et l'implication de tous les constructeurs, par le biais de la création des PME (petites et moyennes entreprises), pourraient permettre à cette industrie d'enregistrer un taux d'intégration de 40%". L'orateur a reconnu que le procédé de montage en SKD (Semi Knocked Down) ne "constitue qu'une phase transitoire (...). L'industrie automobile se nourrit de volumes. Si nous sommes là pour satisfaire uniquement le besoin national, nous n'y arriverons pas. C'est impossible. Il faut absolument avoir une stratégie à l'export. Et ce sont ces volumes qui rendront le marché attrayant (...). Si le taux d'intégration n'est pas important, cette industrie est vouée à péricliter." Autrement dit, les projets tels que présentés actuellement ne sont pas aussi viables. En d'autres termes, il serait plus rentable d'importer des véhicules neufs si le taux d'intégration n'a pas atteint une vitesse de croisière pour que le montage automobile soit viable, notamment à cause, explique-t-il, "des coûts de logistique qui sont très importants". Evoquant le potentiel existant sur le terrain, M. Bensaci a révélé que "l'Algérie ne possède pas d'équipementiers", alors que ce facteur est primordial pour que l'activité de montage soit rentable. D'autant que le taux d'intégration se mesure en valeur, a encore expliqué le président du CMP qui a affirmé, par ailleurs, que "beaucoup de secteurs, tel celui de l'énergie, possèdent les technologies, mais continuent à faire appel aux sous-traitants étrangers". En ce sens, M. Bensaci a estimé que son Cluster "se veut une force de proposition" pour accompagner ce secteur, indiquant que "l'activité mécanique représente près de 80% de l'industrie automobile". Selon les indicateurs actuels, l'Algérie importait près de 5 milliards de pièces de rechange, soit 99% des besoins du marché, pour toutes les marques automobiles établies en Algérie. Selon lui, l'Etat algérien devra accélérer les choses sur le terrain, d'autant que près de 900 PME, soit 10% des entreprises, exercent dans la sous-traitance en Algérie. "Le processus est très long", a encore déploré M. Bensaci. Citant l'exemple de Sonatrach qui fait appel aux sous-traitants étrangers, il dira que le coût — 4 milliards de dollars par année — est faramineux. D'où, a-t-il dit, "la nécessité de faire un état des lieux et de revoir les choses concrètement pour avancer". Il proposera, entre autres, d'imposer une clause dans le cahier des charges pour instaurer le principe de la compensation industrielle. Ainsi, chaque équipementier doit faire de l'intégration de la pièce de rechange à l'export ou encore de l'intégration de la sous-traitance industrielle avec un constructeur local, d'autant que le prix de ce type d'intégration est inclus dans le contrat d'achat. FARID BELGACEM