Jeudi, sur son site internet, la Fédération algérienne de football a annoncé l'accord donné par la présidence de la République pour le parrainage du prochain symposium de la FAF. "En réponse à une sollicitation de Monsieur le Président de la Fédération algérienne de football, Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a donné, à travers un courrier adressé à Monsieur Kheireddine Zetchi, son accord pour placer sous son Haut Patronage le Symposium sur le renouveau du football algérien qui se tiendra les 11 et 12 décembre 2017 au Centre international de conférences (CIC) au Club-des-Pins, à Alger", révèle pompeusement la FAF. Dans la même journée, l'équipe nationale a reçu la visite du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, au salon d'honneur de l'aéroport Houari- Boumediene, peu avant son départ pour Constantine. Le SG du parti au pouvoir s'est longuement livré à une séance photos avec les stars des Verts, notamment Ryad Mahrez, en pleine campagne électorale pour les élections municipales, sans que la FAF bouge le petit doigt. C'est là une prise de parti flagrante, car on voit mal Zetchi accorder une telle faveur à un chef de parti politique de l'opposition, de surcroît en pleine campagne électorale. Le parrainage du symposium de la fédération par le président Abdelaziz Bouteflika et l'incursion de Ould Abbès dans l'intimité des Verts constituent en fait une grave violation du principe de la neutralité réclamé par les statuts de la FAF et surtout de la FIFA. En effet, l'article 3 des statuts de la FAF indique clairement que "la FAF est une association apolitique. Toute discrimination d'un pays, d'un groupe de personnes ou d'un individu pour des raisons d'ethnie, de sexe, de langue, de religion, de politique ou pour toute autre raison est expressément interdite, sous peine de suspension ou d'exclusion". La même obligation de neutralité est exigée par les statuts de la FIFA dans l'article 15 consacré aux statuts des associations membres : "Les statuts des associations membres doivent observer les principes de bonne gouvernance, et en particulier contenir au minimum les dispositions relatives aux questions suivantes : a) rester neutre en matière de politique et de religion (...)". Pis encore, l'article 16 souligne que "le Congrès peut (...) suspendre temporairement avec effet immédiat toute association membre qui contreviendrait gravement à ses obligations (...)". L'attitude complice de la FAF s'inscrit indéniablement dans ce sillage. Ce n'est pas la première fois que la FAF s'invite dans le champ politique, puisqu'on se rappelle que l'ancien président de la fédération, Mohamed Raouraoua, le 12 février dernier, avait sollicité en vain le soutien de Abdelaziz Bouteflika pour briguer un nouveau mandat. "Le bureau fédéral saisit cette opportunité pour renouveler ses vifs remerciements, son attachement et son respect au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, qui a toujours apporté son aide et son soutien constant au football algérien", écrivait Raouraoua dans une tentative de court-circuiter son "bourreau", le ministre de la Jeunesse et des Sports, El-Hadi Ould Ali. Du reste, tous les présidents de la FAF, qui ont défilé à la tête de la FAF depuis 1962, ont été cooptés par le pouvoir, y compris Zetchi et Raouraoua. D'ailleurs, le parrainage du symposium par le président Abdelaziz Bouteflika et la visite d'Ould Abbès largement médiatisée par les télés proches du pouvoir d'Ould Abbès peut également distiller un message clair : le soutien du pouvoir en place à Kheireddine Zetchi au moment où ce dernier fait face à une opposition farouche au sein de l'assemblée générale qui réclame une AG extraordinaire pour carrément le destituer consécutivement à des erreurs de gestion en série et au non-respect de la souveraineté de l'AG dans plusieurs dossiers. À moins que tout cela ne soit une manœuvre de Zetchi pour contrecarrer les desseins de l'opposition... SAMIR LAMARI