Ce qui est en train de se passer à l'intérieur et autour de cette commission, où l'on assiste, sidérés, à une vulgaire course à l'échalote, est de nature à plomber définitivement le projet, qui est au demeurant respectable. Le projet d'amnésie générale que le président de la République entend promouvoir, pour, espère-t-il, refermer la parenthèse de la violence islamiste, pèche par défaut de précision. Personne, en effet, y compris son propre initiateur, n'est capable de définir avec un tant soit peu de rigueur le contenu de cet objet politique non identifié. Mais cela ne semble nullement déranger toute cette faune sans scrupules d'arrivistes qui se bousculent au portillon de la Commission nationale d'amnistie générale (Cnag). Le plus important à leurs yeux n'est pas tant de contribuer à clarifier le concept, à lui donner un contenu, de le “vendre” à l'opinion, mais de se livrer à une guerre sans merci pour le contrôle de cette commission conçue comme une rampe providentielle pour accéder à la rente. Ce qui est en train de se passer à l'intérieur et autour de cette commission, où l'on assiste, sidérés, à une vulgaire course à l'échalote, est de nature à plomber définitivement le projet, qui est au demeurant respectable. Des projets de la hauteur de l'amnistie générale nécessitent des hommes d'envergure désintéressés et dont le souci ne doit être que la mise en place de conditions matérielles politiques et morales pour faire aboutir la démarche. Ce qui est loin d'être le cas avec tous ces Rastignac qui se déchirent, se conspuent quotidiennement dans la presse pour contrôler l'appareil. Et quand des considérations d'appareils deviennent une priorité, un enjeu, c'est fatalement toute la démarche qui est compromise. Et l'on voit mal dans ces conditions, pour le moins ubuesques, des personnages de la trompe de Hocine Aït Ahmed, Abdelhamid Mehri, Mouloud Hamrouche, apporter leur caution à ce qui a toutes les apparences d'une course effrénée à la soupe. N. S.