Des dizaines de milliers Libanais, participants hier à un marathon traditionnel de soutien à la recherche médicale, ont exigé à Beyrouth le retour du Premier ministre officiellement démissionaire, Saad Hariri, qui serait détenu par les autorités saoudiennes depuis le 4 novembre à Riyad, plongeant le Liban dans une nouvelle crise politique et faisant peser sur la région un nouveau cycle d'instabilité. Depuis le 4 novembre, date de l'annonce depuis Riyad de cette démission à la surprise générale, Saad Hariri n'est pas rentré au Liban. Des rumeurs affirment qu'il est retenu contre son gré dans le royaume ultraconservateur. Hier matin, des dizaines de milliers de Libanais ont participé à la 15e édition du marathon de Beyrouth. Et ils étaient nombreux à afficher leur soutien au Premier ministre démissionnaire. Il a fait cette fois office d'absent de marque. Sur la ligne de départ, au centre-ville, un grand panneau rouge accueillait les coureurs avec une photo du Premier ministre et le message : "Nous vous attendons tous". "Rendez-nous notre Premier ministre", pouvait-on lire sur des pancartes affichant le visage souriant de M. Hariri et tenues par les coureurs. Des jeunes distribuaient des bouteilles d'eau avec le même slogan, ainsi que des casquettes et des t-shirts flanqués du message : "Nous courons pour vous". Samedi soir, le président libanais Michel Aoun avait exhorté les participants à courir "en solidarité avec le Premier ministre Hariri" et "pour son retour dans son pays." Il a également appelé Riyad à "clarifier les raisons empêchant M. Hariri de revenir au Liban." Selon M. Aoun, la démission de Hariri est "mystérieuse et suspecte", ont rapporté les médias libanais, citant un communiqué de la présidence à Beyrouth. "Toute position ou déclarations émises par M. Hariri ne reflète pas la réalité, mais est le résultat d'une situation mystérieuse et suspecte qu'il vit dans le royaume saoudien", a-t-il indiqué dans un communiqué. Le fils de l'ancien Premier ministre assassiné, Rafic Hariri, avait créé la surprise en annonçant sa démission le 4 novembre dernier depuis Riyad, la capitale saoudienne. M. Aoun a demandé au royaume wahhabite de "clarifier les raisons qui empêchent" M. Hariri de rentrer à Beyrouth. La tension s'est accrue entre les deux pays depuis l'annonce de cette démission qui plonge le pays du Cèdre dans l'incertitude. Michel Aoun a tenu, depuis, plusieurs réunions avec des hommes politiques libanais et des diplomates étrangers. Lors d'une rencontre vendredi avec le Groupe de soutien international au Liban (GSI), qui comprend notamment les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, M. Aoun a fait part de sa préoccupation quant au sort de Saad Hariri et dit attendre le retour de celui-ci pour en savoir plus. R. I./Agences