L'Association algérienne des technologies de l'information (Aita) monte au créneau. Dans un document parvenu à la rédaction, elle interpelle le gouvernement sur l'impact négatif de l'augmentation des droits de douane et de la taxe intérieure de consommation (TIC) prévue par le projet de loi de finances 2018 sur la pérennité de la filière, ainsi que sur les prix des équipements informatiques commercialisés sur le marché à partir de janvier prochain. L'association relève l'augmentation des droits de douane sur les serveurs, les laptops (30% contre 15% en 2017), les imprimantes, accessoires imprimantes, les cartouches d'encre, les cartes mémoire, les disques internes et externes, les tambours (30% contre 5% en 2017). Les Unités centrales avec écran, les Unités centrales avec clavier et souris mais sans écran, les Unités centrales seule sans écran se voient imposer, outre un droit de droit de 15%, une TIC de 30%. Ce qui veut dire qu'ils sont taxés (droit de douane et TIC) à hauteur de 49,5%, soit près de 50%. Les switchs et routeurs se voient également frappés d'une TIC de 30%. Ajouté à un droit de douane de 5%, ces produits sont donc taxés 36,5%. Ce qui veut dire qu'à partir de janvier prochain, les prix de ces produits vont augmenter au minimum entre 15 et près de 50% ! De telles dispositions menacent la filière économie numérique, souligne l'association. "La baisse des dépenses publiques associée à la dépréciation continue du dinar et à l'augmentation des droits de douane aura des conséquences funestes pour la filière de l'économie numérique. Pour n'en citer que quelques-unes : délitement, voire disparition, de la filière des intégrateurs de services (à ne pas confondre avec les revendeurs sans valeur ajoutée de produits informatiques) qui est un acteur de l'économie nationale. La fragilisation de la filière des intégrateurs de services locaux aura pour conséquence directe la disparition des ressources humaines très qualifiées, un accroissement de la dépendance à la main-d'œuvre étrangère, les recettes fiscales de la filière seront en très grande diminution", lit-on dans le document. Hausse des produits informatiques entre 15 et près de 50% Pour étayer cet argumentaire, l'association situe la valeur ajoutée des acteurs nationaux de ce marché. "Il faut savoir qu'il existe deux catégories d'entreprise qui constituent les acteurs locaux : l'intégrateur de solution IT : c'est la majorité du tissu professionnel couvrant tout le territoire national qui permet que les produits informatiques importés en l'état fini ou importés en pièces détachées et assemblés localement soient intégrés et transformés en une solution fonctionnelle telle que les projets de numérisation. Par exemple : l'informatisation du système judiciaire ou le passeport biométrique ou la carte Chiffa de la Cnas qui intègre plusieurs produits informatiques (PC, serveur, routeur, câblage, sécurité logiciel, savoir-faire, gestion de projet, maintenance pièces détachées)." L'Aita estime que l'apport en valeur ajoutée est conséquent : il est évalué entre 30 et 40% car elle s'appuie sur une main-d'œuvre locale qualifiée, généralement constituée de techniciens, de licenciés et d'ingénieurs. "Nous estimons un tissu de 3 000 entreprises employant entre 2 et 10 personnes en moyenne et environ 100 entreprises qui en emploient entre 15 et 50, soit une moyenne générale de 40 000 emplois." Seconde catégorie d'acteurs : les assembleurs locaux. "Leurs nombres sont réduits comparativement à la première catégorie et ils ne contribuent que dans le segment des PC, l'assembleur de serveurs étant marginal." Le marché, selon l'association, se répartit ainsi : 85% hardware avec les PC 32%, serveur 12,5%, stockage 6,5%, network et sécurité 17%, imprimantes 8,5%, les accessoires 8,5% ; 15% software. Il représente 600 millions de dollars en importations. Ainsi, selon l'association, ces produits touchés par les taxes ne sont pas fabriqués localement, pour la plupart, du moins, ce matériel et pièces détachées sont produits de façon marginale en Algérie. K. Remouche