D'après lui, le score obtenu en termes de participation aux élections locales n'est plus seulement de la responsabilité des partis politiques et des candidats mais des "efforts" entrepris par son département, et donc par l'administration. Anticipant les inévitables récriminations en pareille circonstance, le ministre de l'Intérieur, des Collectivités locales et de l'Aménagement du territoire, Noureddine Bedoui, s'est, d'emblée, accordé, hier, un satisfecit quant au bon déroulement des élections locales de ce 23 novembre 2017 pour lesquelles il a annoncé les résultats provisoires. Intervenant au cours de la traditionnelle conférence de presse tenue au centre des conférences Abdelatif-Rahal à Club- des-Pins, le ministre a tenté d'évacuer, à l'avance, certaines questions qui, néanmoins, ne manqueront pas d'être posées. Le ministre ratera son exercice, comme c'était le cas de l'un de ses prédécesseurs, Yazid Zerhouni, qui s'emmêlait les pinceaux à chaque fois qu'il lui incombait d'annoncer les résultats électoraux. Bedoui a confondu, dans le même énoncé, siège et Assemblée, parlant tantôt du nombre de strapontins, tantôt de communes acquises, ce qui rendait sa communication illisible. Idem pour la statistique. Et pour cause, le MPA, qui a gagné 62 communes est crédité de 5,9% de réussite et le FFS qui a obtenu 64 communes de juste 3,61%. Le ministre de l'Intérieur a besoin, à l'évidence, de relire sa copie. Concernant le taux de participation, estimé à 46,83% pour les APC et 44,96% pour les APW, le ministre retient surtout la progression par rapport aux dernières élections locales de 2012. Cette participation, tant souhaitée du citoyen dans la gestion des affaires locales serait due, à en croire le ministre, à la particularité du scrutin notamment le facteur de proximité et au résultat d'une certaine action de l'Etat. Ainsi, le "score" obtenu en terme de participation n'est plus seulement de la responsabilité des partis politiques et des candidats mais des "efforts" entrepris cette fois, par son département et donc par l'administration. Interrogé, en outre, sur la condition relative à l'obtention de 4% des voix exprimées lors de ces élections, une disposition prévue par la loi électorale, Bedoui estime que cette mesure n'a jamais constitué réellement un "obstacle" arguant notamment de l'augmentation de 10% du nombre des listes de candidats aux élections locales. Ainsi, cette obligation considérée par ses détracteurs comme "une entrave à la libre participation aux élections" n'aurait pas influé sur le phénomène de "l'abstention" que le membre du gouvernement continue à qualifier, envers et contre tout, de "tendance mondiale". Il faut signaler que dans son préambule, somme toute, assez politique, le ministre n'a pas manqué de décocher quelques flèches à l'endroit de l'opposition en soulignant notamment l'échec de "ceux qui doutent et qui font douter" quant aux institutions. S'agit-il des podcasteurs qui se sont invités pour la campagne électorale et qui ont, eux, prôné le boycott ? S'est-il vu interrogé. "Non !", répond le ministre qui croit percevoir, au contraire, dans cette jeunesse connectée, une "vitalité nouvelle" pour le développement du pays. Et c'est tant mieux ! Sur ce registre, de la liberté d'expression, un correspondant algérien de la chaîne saoudienne Al Arabiya a, publiquement, fait état de la "bastonnade" dont a fait l'objet jeudi son caméraman. Le ministre de l'Intérieur, qui a réitéré, à cette occasion, la volonté de l'Etat à promouvoir cette liberté fondamentale prévue par la Constitution, a pris pour preuve la présence du journaliste et de son caméraman sur les lieux mêmes de la conférence de presse. Reléguant au second plan ce fait qu'il impute à l'encadrement administratif du scrutin, Bedoui a tenu à rassurer la corporation, et ce, en présence du ministre de la Communication, Djamel Kaouane : "Les médias sont nos partenaires", a-t-il affirmé. S'agissant des prérogatives des nouveaux édiles, le ministre promet à l'aune de la prochaine révision des textes de lois un rôle accru et plus important pour les élus communaux. Optimiste, le ministre ne désespère pas de voir prochainement la commune algérienne, cette "cellule de base" s'ériger en un véritable "centre de développement économique et social". Mohamed-Chérif Lachichi