Certes, l'argent permettra à l'Italie de faire face à la prise en charge des migrants, mais la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe passe inévitablement par la lutte contre les causes de l'exode massif de milliers de personnes. La Commission européenne a annoncé son intention de débloquer une nouvelle enveloppe financière en faveur de l'Italie, dont le montant est estimé à 39,92 millions d'euros, pour aider Rome à lutter contre le phénomène migratoire, en provenance de Libye, via la mer méditerranéenne, a rapporté l'agence de presse italienne Aki. "La Commission européenne a décidé aujourd'hui (hier) de fournir à l'Italie un nouveau soutien de 39,92 millions d'euros pour aider les autorités compétentes à gérer les flux migratoires à travers la Méditerranée", lit-on sur le site de l'agence Aki. "Ce montant s'inscrit dans le cadre du plan d'action européen de soutien à l'Italie, conclu le 4 juillet dernier, pour la solidarité avec Rome et pour réduire la pression qu'il subit sur l'arrivée continue des migrants sur son territoire par voie maritime", a ajouté la même source, soulignant que l'argent débloqué servira à financer onze projets, dans le souci d'une meilleure prise en charge des migrants secourus en mer. Une partie de cet argent ira aussi aux opérations de sauvetage en mer, selon le Haut-Commissariat de l'ONU au réfugiés (HCR), qui a dénoncé maintes fois la politique migratoire de l'Union européenne et son refus de prendre le problème migratoire sur le plan politique, ce qui amènerait Bruxelles à revoir ses relations avec les pays pourvoyeurs de migrants, mais aussi de réfugiés, en majorité gouvernés par des dictateurs. L'allocation de l'aide financière à l'Italie intervient dans un contexte marqué par une multiplication des opérations de secours en mer et quelques jours après la diffusion d'un documentaire par la chaîne américaine CNN montrant des cas des migrants vendus comme esclaves dans le sud de la Libye. En effet, le centre de coordination des secours de Rome a indiqué, mercredi soir, que 1100 autres personnes avaient été secourues la veille en Méditerranée au cours de 11 opérations distinctes. Quelque 114 600 migrants ont débarqué depuis le 1er janvier sur les côtes italiennes. Une femme a été retrouvée morte jeudi sur une embarcation lors d'une opération de secours en mer, à l'est de la Libye, a indiqué l'association SOS Méditerranée. Au total, ce sont quelque 1500 migrants qui ont été secourus en trois jours au cours d'une quinzaine d'opérations qui se sont déroulées dans les eaux internationales, au large de la Libye. La victime a été découverte dans un canot pneumatique à bord duquel se trouvaient 108 passagers, dont 16 femmes et 34 mineurs, majoritairement érythréens, secourus par le navire Aquarius affrété par SOS Méditerranée. La marine libyenne a annoncé, jeudi, avoir secouru 450 migrants au large des côtes orientales de la Libye au cours de deux opérations distinctes. "Au cours de deux opérations distinctes, les patrouilles de la garde côtière ont réussi à secourir 450 immigrants clandestins venus de différents pays africains, à environ un mille marin de la côte de Tripoli", a précisé le porte-parole de la marine, Ayob Qassem. "Tous les migrants ont pu être secourus, aucun n'est décédé en route ou ne s'est noyé. Ils ont été transférés dans les locaux du Département de la lutte contre l'immigration clandestine de Tripoli, et seront relogés dans des structures d'accueil dès qu'ils auront reçu l'aide médicale nécessaire de la part de l'Organisation internationale pour les migrations", a affirmé M. Qassem. Les migrants qui sont secourus par la marine libyenne sont placés dans des centres d'accueil aux conditions précaires. Dans un rapport rendu public jeudi, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a annoncé que les migrations passant par la Méditerranée orientale, via la Turquie, ont augmenté au 3e trimestre, concernant 3300 personnes en juillet, 4500 en août et 6600 en septembre. Au 20 novembre, le HCR estime à près de 3000 personnes le nombre de morts ou disparus en mer, auxquels s'ajoutent 57 autres morts sur les routes en Europe ou aux frontières de l'Europe. Lyès Menacer/Agences